De la terre de FRANCE
Je ne me suis jamais sentie propriétaire
Et nous en sommes tous là, je crois
Dignes ou indignes locataires
On y tient...
Comme on tient à son enfance
Mais cela ne créé aucun lien d'appartenance
C'est comme ça, on ne peut pas subordonner la transcendance
Ce n'est pas vous, ni moi qui mène la danse !
Ce n'est pas parce que vous aimez quelqu'un
Passionnément, infiniment, follement
Que vous le possédez de quelque façon.
Et vous l'aimez d'autant plus que vous ne le possédez jamais
Il est peut-être en vous, mais il n'est pas à vous.
Il en est de même de ma terre natale
J'y suis née en même temps qu'elle a fait naître en moi un idéal
Avec un horizon toujours insuffisant
Et un besoin qui ne peut être comblé que par une verticale
Comme si la vérité n'était pas plus ici qu'ailleurs
jamais en dessous, mais toujours au-dessus...
Mère patrie ou terre Matrice
Selon l'inspiration latine ou intra-utérine
C'est une terre nourricière. Ce n'est pas une souricière
On s'y retrouve, on ne s'y perd pas
Familiers et étrangers
Nous n'avons pas la même provenance
Mais nous avons la même destination
Nous sommes tous des passagers
Passagers du même paquebot
On peut le rendre laid, le rendre beau
Mais on ne peut ne-pas-être-embarqués
Ni distinguer entre les fleurs du bouquet
Bel et étrange bouquet
Tous ceux qui l'aiment décèlent
Un accord nécessaire, vital ou mortel
Entre l'autre et moi-même...
À y regarder de près, nous ne sommes pas si différents
Nous sommes les mêmes à vouloir le même
Le même bonheur, le même leurre
Et c'est peut-être cela qui pose problème
Je me dis en tremblant :
L'océan, il n'y a que l'océan
Que nous traversons
Pour choper l'être et échapper au néant
Tout le reste, c'est du vent...