C'est un Laurent Gbagbo relativement en forme qui s'est présenté hier à La Haye devant les magistrats de la Cour pénale internationale pour défendre sa cause. Pour dire qu'il était " non coupable " des 3000 morts de " la crise ivoirienne ", conséquence de son refus de céder son fauteuil présidentiel à l'issue de la présidentielle victorieuse d'Alassane Ouattara. Mais à la barre, M. Gbagbo n'était pas seul : il était accompagné de Charles Blé Goudé, son redoutable ancien chef de milice.
Dès le début de l'audience, madame le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a affirmé avoir " un grand nombre de preuves contre les deux accusés ", qui sont précisément poursuivis pour quatre crimes contre l'humanité : meurtres, viols, actes humains et persécutions. Pour la défense, ces différents chefs d'inculpation ne tiennent pas la route ; qu'il n'y a jamais eu un " un plan commun ", orchestré par l'ex-homme fort d'Abidjan et soutenu par les forces de l'ordre et les mouvements de jeunes partisans.
Ce procès, même s'il est contesté par certains, est le bienvenu. Il rend justice aux victimes.
Il est aussi un message envoyé à tous ces chefs d'Etat africains qui s'opposent, à tout bout de champ, et au mépris de la clairvoyance politique et des textes constitutionnels, à des alternances démocratiques dans leur pays. Mais dommage que ne soient pas présentes dans le box des accusés toutes les parties, notamment certains éléments d'Alassane Ouattara qui, eux aussi, ont été acteurs de ces longues semaines tragiques ivoiriennes.
Guillaume Camara