Tout va très vite. Tout est joué déjà. Ils ont beau revenir de France, ils ne sauveront pas la Cerisaie de la vente, et nous le savons. Et ils le savent sans doute, se démenant, se débrouillant avec leurs habitudes, leur petit confort, leurs amours sans amour. C’est le monde qui change. Oh ça va dans le sens d’un siècle disparu aujourd’hui : le serf devient propriétaire et les maîtres n’ont plus qu’à leur abandonner la maison, le terrain, les arbres. Le monde change. Il y a de plus en plus d’estivants et il faut bien s’y adapter, lotir la propriété. On ne peut pas garder les choses en l’état. C’est le monde qui change et les êtres humains qui ne le voient pas sont condamnés, on ne va pas se laisser attendrir par un baiser qui ne cherche qu’à sauver les apparences, à préserver une chance de garder un pied dans la demeure. Et tout va très vite. Tout un système social est liquidé, aux enchères ! Et la Troupe face à nous ne s’embarrasse pas de faux semblants, de sentiments. Chacun cherche seulement à tenir sa place, sa place sur sa chaise, sa place sur le banc, sa place dans la danse.
C’est le monde qui change. Mais qu’avons-nous appris ? Le monde doit une nouvelle fois changer. Après les arbres, que reste-t-il à abattre ?
J'ai vu ce spectacle au Théâtre du Soleil.