Quel titre prometteur...Cela faisait quelques semaines que je voyais circuler ce titre sur le compte Facebook de l'auteure en me demandant ce qui s'y cachait derrière. Ce titre, le lire, le dire à voix haute...puis cette couverture intrigante. J'adore vraiment quand un livre me met en haleine ainsi...et quand en plus il est signé Frédérique Martin que j'ai beaucoup aimée dans ses précédents ouvrages, alors je me précipite...d'ailleurs un peu trop en fait car je n'avais lu que des romans et j'ai été surprise de découvrir un recueil de nouvelles.
La nouvelle n'est pas un genre littéraire très valorisé dans notre pays et pourtant. Plus j'en lis, plus je me dis que l'exercice est bien difficile. Savoir installer un environnement, des personnages, une histoire et une chute en quelques pages, quel travail. Pour le lecteur c'est aussi un exercice, celui de se trouver confronté à un univers différent...et comme dans tout recueil il y a des nouvelles qui vous parlent, d'autres moins.
Globalement j'ai été assez surprise dans cet ouvrage. L'avenir imaginé est bien sombre et dans mon monde de bisounours, l'homme ne peut aller vers ça; enfin je l'espère. Frédérique Martin a l'art de mettre en scène des situations complexes dans lesquelles le lecteur ne voit pas tout de suite où il se situe. Ceci est d'autant plus compliqué que les situations sont imaginées dans notre futur. Pourtant tout le talent de l'auteure est bien de distiller des informations, des dialogues, des personnages très actuels, si bien que tout cela peut être beaucoup plus proche de nous. Les personnages de Frédérique Martin sont toujours aussi profonds et peu lisses, le lecteur se laissera surprendre.
Parmi les nouvelles, il me restera en tête la discussion du couple qui choisit sur catalogue son enfant. Le dialogue m'a marquée pour certaines répliques qui pourraient être très actuelles. La grève des morts est la nouvelle qui m'a le plus émue. La fin de vie / la maladie est un sujet sensible et c'est la nouvelle dans laquelle j'ai retrouvé toute la sensibilité et la douceur que j'aime dans les romans de Frédérique Martin (et puis ça se finit bien en fait, donc moi ça me plaît). Doloris m'a dérangée, un univers de Big Brother et de gestion de la conscience qui fait réfléchir mais qui est malgré tout très noir. Les personnages sont torturés, peut-être un peu trop pour moi. Néanmoins cette nouvelle a le mérite de faire réfléchir. La première nouvelle dont est issue le titre est surprenante : vendre sa mère, ou comment s'en débarrasser au vrai sens du terme finalement. La morale est intéressante...La dernière traite de la liberté des femmes, et outch...
Frédérique Martin a en fait décidé de nous projeter dans un futur pas très rose, un futur sous contrôle, un futur où la question de la liberté, du libre arbitre et de toutes les valeurs de la république défendues férocement dans ce pays aujourd'hui sont remis en cause. En dehors du questionnement de notre futur, elle traite également de sujets très actuels comme la médiatisation, la vieillesse, la maladie, le jugement et c'est en cela que ce recueil de nouvelles est vraiment très profond. Je ne connaissais pas cette auteure dans cet exercice, il est vraiment réussi. Vous serez malmené mais vous allez réfléchir et c'est exactement ce que l'on demande à un livre.
Les romans que j'ai aimés de F. Martin : Le vase où meurt cette verveine, Sauf quand on les aime, Femme vacante.
Une lecture que je partage avec la pétillante Sarah!
La blogo en a déjà parlé (oui!) : Noukette, Jérôme, Saxaoul