Des raisons humaines, trop humaines, ont donné naissance à l’idée qu’au-delà du règne inférieur des choses, mouvant comme le sable sur les bords de mer, nous avons le règne de ce qui ne change pas, de ce qui est complet et parfait. Les raisons justifiant cette croyance sont couchées dans le langage technique de la philosophie, mais la cause qui préside à ces raisons est le désir profond de surmonter le changement, la lutte et l’incertitude. L’éternel et l’immuable sont l’objet de la quête de certitude de l’homme mortel. Dewey, LW14, 14, 98-99 (Time and individuality, 1940).La vie serait changement et action, et cela nous ferait peur ? Ce qui nous aurait amené à chercher le secours de certitudes, l'espoir de choses qui ne changent pas ?
Mais, me demandé-je, et si ce besoin, vain, de certitude, avait été productif ? Ne serait-ce pas lui qui nous a amené à chercher les règles du monde ? Nous ne les avons pas trouvées, mais nous avons pris beaucoup de risques, et fait d'intéressantes découvertes ?
(Mathias Girel, « Le spectre de la certitude », La Vie des idées , 20 janvier 2016. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Le-spectre-de-la-certitude.html)