Une étude du Pew Research Center révèle que les Américains seraient prêts à partager certaines données personnelles… mais sous conditions seulement.
Lorsque les Américains ont le choix entre préserver leur vie privée et livrer des informations personnelles, “ça dépend” est finalement la réponse qui résume le mieux leur état d’esprit. Parmi les facteurs qui conditionnent le fait de livrer leurs données, il y a l’image de l’entreprise ou de l’organisation (à quel point ils la jugent digne de confiance ou sécurisée), la possibilité que leurs informations soient accessibles à des tiers, la durée de leur conservation et de ce qu’ils retirent de cet échange. C’est en effet ce que révèle une étude du Pew Research Center.
Le sondage a été mené auprès de 461 adultes et 9 groupes de 80 personnes en ligne, entre le 28 janvier et le 16 février 2015. Les personnes interrogées ont répondu à six questions. A chaque scénario présenté, ils devaient préciser s’ils approuvaient ou désapprouvaient l’idée ou si cela dépendait d’autres conditions. Par exemple, le fait que des caméras à reconnaissance faciale puissent être placées dans un espace de travail après que des vols aient eu lieu ne choque pas les Américains. Et ce, même si les données servent ensuite à mesure la performance et l’assiduité et que l’entreprise envisage de les conserver autant que nécessaire. En effet, plus d’un Américain sur deux (54%) trouverait cela acceptable contre presque un sur quatre (24%) qui juge cette hypothèse inacceptable. Parmi ceux qui accepteraient une telle situation, certains jugent que l’entreprise en a le droit mais qu’ils préféreraient démissionner dans ce cas. Ils sont également 21% à dire que leur réponse dépend des circonstances : des personnes qui auraient accès aux films, de la façon dont c’est sécurisé, de l’endroit où seraient installées les caméras, du temps par jour pendant lequel la caméra tournerait etc.
Cela reste le cas de l’étude où les Américains tolèrent le plus de partager leurs informations, peut-être parce qu’ils font confiance à leur employeur, de la même manière qu’ils font confiance à leur médecin par exemple.
Deux scénarios où le partage et la réutilisation de données personnelles sont jugés acceptables. Source : Pew Research Center
En effet, dans un deuxième temps les sondés sont informés qu’un nouveau site est utilisé par leur cabinet médical pour gérer leurs dossiers, leur permettre d’y avoir accès et de programmer leurs rendez-vous plus simplement. Le cabinet doit avoir l’autorisation du patient pour télécharger ses données médicales sur le site que le docteur juge sécurisé. 52% des répondants approuvent cette manière de partager leurs données médicales quand d’autres études relevaient leur réticence à les divulguer aux entreprises technologiques. Dans le cas présent, c’est probablement le fait d'interagir avec son médecin et d’accéder à ses propres données qui rassurent les répondants. Les 50 ans et plus et les plus diplômés ont été plus nombreux à être d’accord avec ce scénario que les autres. Pour ceux qui sont hésitants, cela dépend des personnes qui pourraient avoir accès à ces données et à la confiance qu’ils accordent au site web et à sa sécurité.
Dans cette étude, certaines situations où les personnes sont invitées à partager leurs données sont jugées inacceptables. C’est le cas concernant des informations collectées par un thermostat intelligent. 55% refusent que des capteurs de température et de mouvement permettent de faire des économies d’énergie en échange de savoir s’il y a des personnes dans la maison et à quel endroit. “C’est ma maison, mes températures, mon contrôle”, explique une personne interrogée. Une autre, précise, plus explicite : “Je ne veux pas que quelqu’un surveille ce que je fais chez moi”.
Deux scénarios qui ne font pas l’unanimité. Source : Pew Research Center
Ils sont également 51% à trouver inacceptable qu’à l’occasion d’une réunion d’anciens élèves, ceux qui utilisent le réseau social et créent une page pour recevoir les communications du lycée puissent voir leurs données réutilisées à des fins de ciblage publicitaire. C’est pourtant une situation répandue. Parmi les 51%, un répondant confirme “Bien que je sache que ce scénario constitue déjà une pratique standard, cela utilise des informations me concernant et collectées sans mon consentement. Cela aurait une incidence sur la manière dont j’utiliserai le site pour la réunion d’anciens élèves et me dissuaderait peut-être même de l’utiliser tout court”.
Cette étude montre que les lignes de fractures habituelles que sont les tranches d’âge, les niveaux d’étude ou le genre ne sont pas déterminantes, chaque situation de partage de données est appréhendée différemment. Ce qui va dans le sens d’une autre étude récente qui dévoilait que les utilisateurs de réseaux sociaux se soucieraient bien moins de livrer des informations privées sur leur liste d’amis que de divulguer les leurs. Pour ceux qui s’accordent sur la nécessité de surveiller ses données personnelles et de garder la main dessus, un certain nombre de startup proposent également de les centraliser.