Le prix du litre d'essence est trop cher pour nos pauvres porte monnaies d'usagers de la route. C'est un fait. Et comme à chaque fois que l'essence augmente fortement (Et qu'un Gouvernement souhaite se faire un peu de pub en parlant de pouvoir d'achat), des messages passent de boite mail en boite mail pour dénoncer tel ou tel groupe d'intérêt qui "s'en mettrait plein les poches", "tel appel au boycott", "tel action citoyenne"...
Bon.
Et puis, pareil, les métiers qui vivent en étroite relation avec l'essence, bougent, hurlent, font grêve, ... Sauf qu'en l'occurrence, ce sont des employeurs et non les salariés. Vous me direz avec justesse : "Quand l'entreprise ferme, les salariés n'ont plus de boulot !". Oui, mais quand elle fait du bénéfice, le retour vers les salariés n'est pas automatique (Sauf pour les SCOP) . Et je ne remets pas en cause le fait que des employeurs se mobilisent sur un sujet, bien au contraire.
Vous le comprendrez en ces quelques lignes sans prétention, le sujet difficile du prix de l'essence est un sujet où toutes les démagogies peuvent sortir.
Dans le genre, vous avez sûrement reçu cela un jour dans votre boite courriel :
Quelqu'un a suggéré une idée géniale, qui est beaucoup plus sensée que celle où on nous demandait de ne pas acheter de l'essence telle journée, en avril ou mai dernier. Les pétrolières ont bien ri de cette démarche parce qu'elles savaient que nous ne pourrions pas continuer à NOUS faire du mal en refusant systématiquement d'acheter de l'essence : c'était beaucoup plus un embêtement pour nous qu'un problème pour elles. Mais la proposition suivante pourrait s'avérer d'une efficacité redoutable pour autant qu'on l'applique de façon rigoureuse. Prenez le temps de lire ce message au complet et joignez-vous à nous ! Extraits d'Hoaxbuster
Total et Shell doivent bien rigoler... A savoir d'ailleurs à qui profite (réellement) ce genre d'appel à boycott, si ce n'est les concurrents non cités !
Et puis un boycott ne résoudra rien, même si ces compagnies (et les autres) génèrent sur notre dos des profits énormes. Et ce n'est pas les "concertations" faites par Thierry Breton et Christine Lagarde qui en feront quelque chose, l'UFC Que Choisir l'avait déjà dit en 2006 :
Depuis un mois, le prix du baril a baissé de 14 % tandis que la baisse du prix du gazole s'est limitée à 2,7 % (-4,9 % hors taxe) et celle du prix de l'essence sans plomb a été de 8 % (-17 % hors taxe) (1). Les compagnies pétrolières ont donc renié l'engagement qu'elles avaient pris auprès du ministre des finances en octobre 2005.
En effet, elles devaient immédiatement et intégralement répercuter toute diminution du prix du baril sur le prix à la pompe, ce qui n'a pas du tout été le cas pour le gazole qui représente la majeur part des volumes achetés.
Et des professions sont fortement touchées par ces hausses, et surtout, ce haut prix !
Routiers, agriculteurs et taxis prennent le relais de la protestation contre la flambée du prix du gazole. À leur tour, ils bloquent des dépôts de carburant lundi matin, alors que le mouvement semble marquer le pas du côté des pêcheurs, après deux semaines de forte mobilisation. Le Point du 02/06/08 par Clément Daniez
On ne peut nier que ces métiers soient au bord de l'asphyxie ! Mais est ce vraiment lié à une essence trop haute, ou à des marges trop faibles, liées à un système de distribution pressurisant et autoritaire ?
Que l'on soit consommateur final individuel ou professionnel, l'essence trop chère pénalise notre porte monnaie, pour ce produit de consommation courante. Car l'essence est un produit de consommation courante, n'en déplaise à ses détracteurs. Sauf à habiter en plein centre de grande ville, le citoyen lambda doit prendre son véhicule pour aller travailler, conduire ses enfants et faire ses courses. Sans parler des vacances et autres loisirs. Additionné à des prix de logement inaccessibles en ville, nous sommes obligés de fuir les grandes agglomérations pour garder un tant soit peu de ce luxe ( ??) qu'on appelle grand air, calme, ... Mais qui se paye par des temps de trajet ! On ne peut pas tout avoir non plus... Et ces trajets, même multimodaux, nécessitent à un moment un véhicule à moteur à explosion.
L'essence est chère, c'est certains, le consommateur final trinque, c'est certains, cela grève le pouvoir d'achat des ménages, c'est aussi certains (Malgré les explications comme quoi le litre d'essence est moins cher en terme de coût en SMIC horaire !).
Alors quoi faire !? Il est (encore plus) urgent de réorienter nos valeurs énergétiques. Il faut nous désintoxiquer du pétrole et faire baisser notre dépendance à l'or noir. En matière énergétique, il faut bien entendu privilégier les énergies renouvelables (Solaire, géothermie, aérothermie, ...) et il faut prolonger la recherche dans les véhicules individuels pour les rendre moins gourmands, moins polluants et plus facilement recyclables, au bénéfice de l'environnement, de notre porte monnaie. Et il faut développer les transports collectifs type TER ou trains, car cela devient une aberration économique de faire plus de 300km en voiture. Et il faut avoir une vision globale de l'aménagement du territoire en terme de logement et de moyens de transport. Quittons la vision étriquée de la commune, ou même de la communauté de communes, pour regarder à un plan régional !
Et pour les professionnels en colère, il faut les aider à passer le cap de notre dépendance énergétique (C'est impensable socialement de faire autrement) en vérifiant que ces aides ne profitent pas pour changer la piscine, aider la recherche à faire évoluer les machines et surtout, faire une vraie GEPC pour des métiers qui sont en profond changement. Nicolas Hulot la semaine dernière expliquait sur le plateau de France 2 que la minorité polluait, mais vivait alors que la majorité des (petits) marins pêcheurs crevait (CF les grands usines flottantes).
Il faudra bien aussi se poser la question (d'actualité d'ailleurs) de la (trop grande) puissance des acheteurs de grandes surfaces, ou de la (trop grande) faiblesse des vendeurs. Le marché est faussé, cela se voit !
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