Pour sa centième production, Jean-Pierre Terracol a choisi d'unir sur scène un Palestinien et un Israélien. Au délà des conflits géopolitiques
"A l'inverse des terroristes et des guerriers, on devrait se tenir par la main". Voilà le message, osé, véhiculé par la centième mise en scène de Jean Pierre Terracol ou l'idylle entre un Palestinien et un Israélien adaptée d'un texte de Michel Giliberti ("Le Centième Nom"). La démarche est louable. Seul sur le sable, les yeux dans l'horizon, Jihed se prépare à commettre un acte kamikaze dans un bus. Sur la scène, une reproduction du désert : une carcasse de voiture côtoie un arbre dépouillé. Pour son dernier soir sur terre, il se recueille quelque part entre Israël et la Palestine, à l'endroit même où son frère a été abattu par les forces israéliennes. David, un jeune étudiant juif passe par là. Charmé par la voix de l'homme, il l'observe attentivement. L'un a perdu père et frère, l'autre ses parents. Tous deux sont noyés dans le chagrin. David qualifié de "chien de l'autre côté" tente de nouer le dialogue. La tension dramatique est latente (parfois trop même). Entre l'évocation de la construction du fameux mur ou la bande de Gaza, chacun reste retranché sur ses positions. Peu à peu, David vacille et se met à draguer Jihed, déstabilisé. Il résiste accusant son peuple d'être à la merci des américains. Parfois drôle ("je te trouve beau mais moins intéressant que ma voisine Leila"), parfois tragique, le spectacle est rythmé par le bruit de fusillades ou de bombardements. Pendant plus d'une heure et demie, les deux comédiens échangent leurs points de vue et se rapprochent de manière inattendue, "c'est mon dernier jour sur terre je n'avais jamais embrassé", avoue honteusement Jihed; alors qu'en voix off, sont exprimés leurs sentiments les plus profonds. Mention spéciale d'ailleurs au plus buté des deux, Ahmed Alami qui semble vivre son personnage.
Carine Caussieu
Jusqu'au 21 juin à 20h30 au théâtre l'Oeil-la lucarne, 10-12€.
Renseignements : 05.56.92.25.06