Un roman que j’ai lu il y a voilà quelques temps mais sur lequel je n’ai pas encore pris le temps de donner mon avis.
Peut-être le temps de prendre un peu de recul face à l’histoire, notre histoire qui résonne tout autant dans les médias.
Car ce livre qui pourrait être un témoignage romancé fait écho à l’immigration actuelle, sujet épineux de notre société. Alors, forcément, on a un peu peur de ce que ça peut donner.
Démagogie facile ou vrai roman qui soulève le sujet sans pour autant provoquer ou susciter le pathos ?
De Lampedusa à Paris, Virgil, Assan ou Chanchal nous donnent une vraie leçon de vie. Pas celle qu’on a nous, non, loin de là. Plutôt une leçon de leur vie. Celle qui transpire la peur, les petits boulots mal payés, les couvertures élimées sur un bout de matelas, la crainte du lendemain.
On entre dans les premières pages avec crainte. Puis les mots se succèdent, l’histoire prend place, les personnages nous sont présentés et on adhère. On apprend beaucoup de choses via l’existence de ces immigrés qui tentent de vivre ou plutôt de survivre dans un pays qui n’est pas le leur.
Grâce à la prose de Pascal Manoukian qui use de réalisme, nos préjugés volent en éclat et nous permettent d’être immergés dans la vie de ceux qu’on fait passer au JT quelques secondes pour dénoncer l’immigration et qui font peur à la grande majorité d’entre nous.
Un livre qui remet les choses à leur juste place et qui prouve que l’humain est ici pareil que là-bas et que les frontières et les enjeux politico-économiques n’y peuvent rien. La fuite les pousse à entrer sur des sols loin de leur culture ou de leur proches. On y entrevoit avec force l’obligation qui supplante le désir de s’exiler.
La fin est poignante et on reste marqué longtemps après avoir refermé ce texte, plein de sincérité et de sobriété.
Bravo à l’auteur qui a relevé le défi.
Pour lire un autre avis, c’est sur le blog de Lyvres
Les échoués, Pascal Manoukian, Don Quichotte Editions, 2015