La grande pauvreté appauvrit aussi les connexions du cerveau

Publié le 28 janvier 2016 par Santelog @santelog

La pauvreté durant l’enfance peut entraîner des changements dans le cerveau, dont une connectivité cérébrale altérée, et un risque accru de dépression quelques années plus tard dans la vie, conclut cette étude via IRM de l’Université de Washington. Des données qui viennent confirmer celles de précédentes recherches et qui appellent à mieux suivre le développement cognitif des enfants vivant en grande pauvreté et à intervenir de manière précoce.

Plusieurs recherches ont déjà traité des effets de la pauvreté sur le cerveau. Une étude de 2013, présentée dans la revue Psychosomatic Medicine et Frontiers of Human Neuroscience a identifié des changements cérébraux chez les personnes les plus défavorisées (vs plus riches), apportant de nouvelles preuves de la vulnérabilité cérébrale aux facteurs de stress biologiques associés à la pauvreté et à la privation. Cette même étude suggère aussi que ces processus inflammatoires peuvent mener à des changements structurels visibles l’imagerie cérébrale.

Rappelons aussi cette précédente étude de Princeton, publiée dans la revue Science qui associe pauvreté et fonction cognitive, suggérant que l’énergie mentale nécessaire pour faire face à la pauvreté et à toutes ses conséquences non seulement augmente le risque d’erreurs et de mauvaises décisions mais va jusqu’à réduire la matière grise ou  » bande passante  » disponible pour d’autres tâches cognitives. Cette nouvelle étude confirme des différences de structures clés chez les enfants pauvres vs les enfants de milieux plus aisés.

Les chercheurs ont effectué une analyse des scans du cerveau de 105 enfants âgés de 7 à 12 ans pour constater, entre  » enfants pauvres  » et  » enfants riches « ,

·   des différences de connectivité depuis certaines zones clés, en particulier, l’hippocampe impliqué dans l’apprentissage, la mémoire et la régulation du stress, et l’amygdale impliquée dans le stress et l’émotion vers d’autres zones du cerveau.

·   Ces connexions, suivie à l’IRMf s’avèrent plus faibles avec le degré de pauvreté de l’enfant. Finalement, plus l’enfant est touché par la pauvreté, moins l’hippocampe et l’amygdale se connectent aux autres structures cérébrales.

·   Ces différences de connectivité constatées sont associées à une moindre régulation de l’émotion et du stress.

·   Ces enfants d’âge préscolaire les plus pauvres ont un risque significativement plus élevé de symptômes de dépression clinique aux âges de 9-10 ans quand ils atteignent l’âge scolaire.

 » Ainsi, la pauvreté au jeune âge  » marque  » l’anatomie du cerveau avec en particulier, une taille de l’hippocampe et de l’amygdale souvent altérée « , conclut le Pr Deanna M. Barch, directeur du Département Sciences psychologiques et cérébrales de l’Université de Washington. De précédentes études de la même équipe avaient déjà identifié des différences dans le volume de matière grise et de la substance blanche, et la taille et le volume de l’hippocampe et l’amygdale, mais avaient aussi constaté que beaucoup de ces changements pouvaient être surmontés grâce à l’amour maternel.

La pauvreté serait donc à prendre en compte comme un prédicteur majeur des résultats de développement cognitifs. Cependant, il existe des interventions pour favoriser le développement du cerveau et un équilibre émotionnel positif, concluent les auteurs, à condition  » de le faire tôt afin de remettre ces enfants sur la meilleure trajectoire de développement possible « .

Source: The American Journal of Psychiatry Jan, 2016 DOI: 10.1176/appi.ajp.2015.15081014 Effect of Hippocampal and Amygdala Connectivity on the Relationship Between Preschool Poverty and School-Age Depression

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