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ENFANTS TYRANS : La nécessité d’une prise en charge spécifique – CHU de Montpellier

Publié le 28 janvier 2016 par Santelog @santelog

AggressionLe CHU de Montpellier met en place une prise en charge spécifique pour les «enfants tyrans» et leurs parents

 

La violence dans les familles peut revêtir plusieurs formes. La situation la moins bien connue est sans doute celle des parents maltraités par leur enfant. Il s’agit d’une problématique régulièrement rencontrée dans les services de pédopsychiatrie du CHU de Montpellier et qui serait de plus en plus fréquente dans la société. Ainsi, le CHU de Montpellier a décidé de mettre en place une prise en charge adaptée pour ces enfants et leurs parents. Il est aujourd’hui le seul hôpital français à proposer une prise en charge spécifique.

Quand parle-t-on d’enfant tyran ?

On parle d’enfant tyrannique lorsque la hiérarchie familiale n’est plus respectée. C’est à dire lorsque les parents n’ont plus la possibilité dans le foyer de décider ou de poser les règles éducatives qu’ils souhaitent. L’enfant tyran peut prendre le pouvoir de différentes façons. La plus classique est l’agressivité directe, verbale ou physique contre les parents, souvent lors de crises de colère, mais il existe aussi d’autres processus comme le fait de s’en prendre au matériel de la maison (casser des objets auquel le parent est attaché par exemple) ou parfois la menace de suicide ou de fugue pour arriver à ses fins.

Souvent la tyrannie s’installe progressivement et de façon insidieuse alors même que l’enfant ne présente aucun trouble du comportement en dehors de la maison, ce qui retarde le repérage et la prise en charge.

Comment démêler le vrai du faux sur l’enfant tyran ?

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«Ce  n’est pas un trouble psychiatrique reconnu» : Vrai et faux, l’enfant tyran n’est pas une catégorie diagnostique spécifique, il est habituellement relié au Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP) dans sa forme intra-familiale mais présente des particularités qui ne sont pas forcément retrouvées chez tous les enfants avec TOP. L’absence de catégorie spécifique complique les études de prévalence : il n’est pas possible actuellement de donner un pourcentage d’enfants touchés ni même un profil évolutif de ce taux. L’impression clinique des praticiens est que cette problématique augmente.

«Ce n’est pas une maladie mais un problème éducatif» : Faux, dans l’immense majorité des cas l’enfant tyran présente au moins un trouble psychiatrique en particulier: Trouble Déficit d’Attention Hyperactivité (TDAH), Trouble Anxiété de Séparation ou Trouble Obsessionnel Compulsif.

«Cela arrive surtout dans les familles où les parents ne sont pas engagés dans l’éducation» : Faux, dans notre population clinique nous remarquons qu’il y a plus de risque d’enfants tyrans dans les familles sensibilisées aux besoins de l’enfant et attentives à l’éducation. Les études montrent par ailleurs que le risque augmente quand l’enfant est particulièrement investi : enfant aîné, unique ou adopté ou enfant ayant été malade dans l’enfance par exemple.

«Ce sont des enfants qui sont tyranniques avec tout le monde» : Faux, classiquement le trouble oppositionnel se limite à la sphère familiale et n’est pas repérable en dehors de la maison. En revanche dans l’environnement scolaire on peut repère régulièrement des symptômes anxieux, un déficit d’attention, un trouble des apprentissages.

«Les parents n’osent pas en parler» : Archi-vrai…, il existe un phénomène de honte et de culpabilité qui est encore aggravé par le fait que l’enfant se comporte bien à l’extérieur. Or il est essentiel que les familles se fassent aider.

«La prise en charge est complexe» : Vrai, car malgré leurs difficultés ce sont des enfants qui ne sont pas en demande de soins et les parents ont du mal à solliciter les services compétents et à sortir du secret. La prise en charge doit d’abord prendre en compte le soutien des parents. Des stratégies de psychothérapie de l’enfant ou des prises en charge médicamenteuses se révèlent souvent nécessaires.

La prise en charge au CHU de Montpellier

De plus en plus confronté à ce problème, le service du Pr Diane Purper-Ouakil en MPEA à St Eloi (Médecine Psychologique pour Enfants et Adolescents) propose une prise en charge spécifique et innovante pour les parents d’enfants tyranniques.

Elle se présente sous la forme de groupe de psycho-éducation avec des stratégies de «guidance éducative» basées sur des thérapies comportementales et cognitives et la résistance non violente.

Le programme de résistance non violente a été développé par le Professeur Haim Omer de l’Université de Tel-Aviv et a été évalué dans différentes populations d’enfants et adolescents ayant des troubles du comportement et des conduites à risque.


Le Dr Nathalie Franc, responsable de cette filière peut se rendre disponible pour répondre à vos questions sur le sujet.
 


Source 
CHU Montpellier
Louise POTREL ([email protected]) – Attachée de presse  
Tél. : 04 67 33 91 83 – 06 71 60 72 62

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A lire HANDICAP : La violence institutionnelle – «Repères éthiques» de Psymas
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