Il arrive que des gens qui ne m’ont plus vue depuis longtemps croient me faire plaisir en me disant « c’est bien, tu as maigri ».
Déjà, c’est faux la plupart du temps. Non, je n’ai pas maigri, merci de me le rappeler, et ce n’est pas la peine d’insister, « mais si », ma balance le sait mieux que toi.
Ensuite, n’as-tu rien d’autre à faire que d’évaluer mon poids? De regarder mon corps sous toutes les coutures? D’insinuer que je serais tellement mieux si j’étais mince? Est-ce que je permets des remarques du genre « Tu es moins cernée que d’habitude, ça te va bien »? Non, parce que je ne crois pas que ça passerait et que j’ai autre chose à faire quand je croise quelqu’un que j’apprécie que d’étudier son physique.
Enfin, c’est intrusif. Tu ne sais pas pourquoi je maigris ou je grossis. L’époque où je rentrais dans du 34 était celle aussi où j’étais très malade et où je mangeais un yaourt et une bi-fi par jour. J’ai grossi quand j’ai commencé prendre des neuroleptiques et à ma soigner. J’ai maigri quand j’ai arrêté mon traitement et que j’ai recommencé à être mal. J’ai regrossi quand j’ai pris un neuroleptique plus efficace pour moi. Là, j’ai maigri un peu parce que j’ai changé de traitement, mais tu sais quoi, je n’ai peut-être pas envie d’en parler. Non seulement je n’ai pas envie d’être renvoyée sans cesse à mon poids, mais pas à ma schizophrénie non plus, et les deux sont liés.
Les seuls personnes autorisées à me parler de mon poids sont mon médecin traitant, ma psychiatre et les personnes à qui j’en parle en premier. Les autres, je me passe de leurs « compliments ».
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