En constatant qu’un patient sur 7 diagnostiqué avec un cancer colorectal l’est avant même l’âge du dépistage généralisé, soit 50 ans, en rappelant qu’une prise en charge précoce est associée à une meilleure survie, cette étude du Michigan Health System pose la question des modalités de surveillance et de l’âge du dépistage. Les conclusions, publiées dans la revue Cancer soulignent en effet que diagnostiqué chez des patients plus jeunes, en raison de symptômes plus évidents, la maladie est généralement plus avancée.
L’âge, certains facteurs génétiques et l’existence d’antécédents personnels ou familiaux de certaines maladies intestinales chroniques sont les principaux facteurs de cancer colorectal. Si, en fonction de ces différents facteurs, le dépistage de ce cancer devrait être personnalisé, en France, hors facteur de risque particulier, le programme de dépistage organisé concerne les personnes âgées de 50 à 74 ans. C’est d’ailleurs le cas dans la majorité des pays. Rappelons enfin, la mise en œuvre récente, toujours en France, du nouveau test immunologique de dépistage du cancer colorectal.
Ainsi, l’étude menée sur les données de 258.024 patients diagnostiqués avec un cancer du côlon ou du rectum, constate que :
· près de 15% des patients diagnostiqués avec un cancer colorectal sont âgés de moins de 50, l’âge recommandé du premier dépistage,
· ces patients sont plus susceptibles d’avoir un cancer plus avancé et d’avoir à subir une chirurgie agressive et de la radiothérapie.
· ce groupe présente en fin de compte de meilleurs taux de survie : parmi ces patients, ceux dont le cancer s’est propagé à des organes éloignés, 21% survivent au-delà de 5 ans, vs 14% des patients âgés.
ØCette amélioration de la survie pourrait être en partie liée au traitement plus agressif, suggèrent les auteurs.
Le cancer colorectal n’est pas une maladie » réservée » aux personnes âgées : l’étude rappelle ainsi à la communauté médicale qu’un nombre relativement important de cancers colorectaux se produisent chez des patients de moins de 50 ans.
Alors faut-il avancer l’âge du dépistage généralisé ? Les auteurs rappellent que moins de 5% des cancers invasifs du sein surviennent chez des femmes de moins de 50 ans. Sans trancher sur un âge plus précoce du dépistage généralisé, les chercheurs suggèrent d’élargir l’information et la sensibilisation du public aux signes avant-coureurs du cancer colorectal : l’anémie, un changement spectaculaire de la taille ou de la fréquence des selles, et les saignements avec des selles. Enfin, la connaissance des antécédents familiaux de cancer, dont colorectal, devrait être systématique.
Ensuite, les systèmes de santé doivent également prendre en compte l’augmentation du nombre de très jeunes survivants du cancer colorectal qui auront besoin de soutien à long terme pour faire face aux conséquences physiques et psychologiques de leur maladie.
Source: Cancer Jan. 25, 2016 DOI: 10.1002/cncr.29716(In Press) Colorectal Cancer Outcomes and Treatment Patterns in Patients Too Young for Average-Risk Screening via Eurekalert (AAAS) 1 in 7 colorectal cancer patients diagnosed before recommended screening age