Des idées reçues qui ont la peau dure
Parce que nombreux sont les adultes à "s'être remis" des fessées, des cris, des punitions, et de tout ce qui constitue ce que l'on appelle communément "le (mauvais) stress", ils sont encore nombreux à perpétuer ces comportements avec leurs enfants à la maison, leurs élèves à l'école, leurs salariés au bureau … L'entreprise connaît le coût exorbitant de la violence ordinaire : arrêts maladies, maux de dos, crises de nerfs, suicides, alcoolisme, tabagisme, obésité, crises cardiaques, …. Voilà, disons-le clairement, le stress use le capital confiance comme la maladie use le capital santé. Comme être malade ne développe ses défenses immunitaires, être stressé n'améliore pas sa performance, mais la réduit.
Mais voilà, ce n'est pas l'individu qui apprend, c'est son cerveau. Et quand notre cerveau reçoit un message de stress, il pense à notre survie, avant de penser à notre apprentissage. Notre cerveau nous sauve la vie !
Notre cerveau est un immeuble à trois étages, emboîté au-dessus du tronc cérébral juste après la moelle épinière.
Quand une nouvelle expérience comme un nouveau savoir frappent à la porte de l'immeuble de notre cerveau, cet inconnu doit passer un test à chaque étage, sinon il ne rentre pas …
Au premier étage, dit "reptilien", il y a le gardien de l'immeuble. Pour être autorisé à entrer, l'inconnu doit être gentil et poli, il doit sourire, et offrir sa confiance. Alors le gardien ouvre le 2ème étage ….
Au deuxième étage, dit "limbique", il y a deux biochimistes fêtards, M. Cotillon et Mme Confetti. Au moindre stress, à la moindre distraction, si tout est inconnu, s'ils ne sont pas concentrés, ils savent qu'ils doivent te chasser de la fête, et ils te renvoient au premier étage (où le gardien se chargera de te sortir de l'immeuble !). Mais si l'inconnu leur suscite du plaisir et de la curiosité, si l'inconnu leur rappelle qu'ils le connaissent un peu, alors ils se souviennent. Et comme c'est agréable, les biochimistes produisent alors les hormones du plaisir (les endorphines) qui agissent comme une clé (neurotransmetteurs) ouvrant en grand le 3ème étage ….
Au troisième étage, dit "cortex", l'inconnu entre dans l'immense hangar de tout ce que tu sais déjà … et il y en a des trucs, les expériences, les souvenirs, les savoirs, les leçons, les croyances … et tout est rangé car ici on pense, on réfléchit, on raisonne, on range, et on se souvient plus ou moins bien du rangement … il y a tellement de choses … en vérité, on apprend par étapes, par couches, par tiroirs …
Les étapes de l'apprentissage
Ce n'est pas confortable de chercher l'information et de se tromper de placard. Cela inquiète ou énerve le gardien, cela affole les biochimistes, et cela dérange les penseurs. Le mieux est de prendre le temps d'aller d'un étage à l'autre avec son inconnu qui peu à peu se fait connaître et qui peu à peu va connaître les lieux. C'est comme quand on visite une maison qu'on rêve d'habiter. On sourit en entrant et on entre avec précautions. A la première visite, on ne s'y retrouve pas bien. A la seconde, on se souvient de la première fois et on s'y retrouve mieux. Jusqu'au jour où on peut s'y promener les yeux fermés ! On la connaît tellement bien qu'elle devient petite. Et on part en visiter une nouvelle … Apprendre des choses, c'est visiter une nouvelle maison.
Installer la sécurité d'abord, puis susciter du plaisir donne à l'individu l'accès à ses capacités de mémoire et d'apprentissage.