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Big eyes - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Tim Burton (2014 - USA, Canada) avec Amy Adams, Christoph Waltz, Krysten Ritter, Danny Huston, Jason Schwartzman, Terence Stamp

Tim, ressaisis-toi !

L'histoire : Fin des années 50. Margaret vient de quitter son mari et, dans les années 50, il n'est pas facile pour une femme de vivre son indépendance. Peintre, elle essaie de vendre ses toiles, ou ses illustrations... on lui demande si elle a l'autorisation de son mari. Puis ce dernier exige la garde de sa fille, prétextant que l'enfant vit désormais dans une atmosphère instable. Alors Margaret se décide à épouser son nouvel amoureux, peintre comme elle, qui lui promet de la chérir à jamais et d'offrir à sa fille ce foyer bien comme il faut, si cher aux juges. Seulement, le nouveau mari doit se rendre à l'évidence : ses toiles ne se vendent pas, alors que celles de sa femme piquent la curiosité. Elle s'est spécialisée dans le portrait d'enfants, avec des yeux immenses. Il s'occupe de leur carrière, expose leurs oeuvres ensemble. Un jour, alors qu'on lui demande si c'est lui qui fait aussi les têtes d'enfant, il répond oui. Pour toutes sortes de raisons, plus ou moins bonnes. Il arrive à convaincre Margaret, d'abord furieuse, que c'est plus simple, plus pratique...

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Mon avis : Quelle mouche a piqué, l'ami Tim ? Un de mes réalisateurs préférés ! Que je continue de vénérer. D'ailleurs, ses derniers films ont été fortement décriés, et moi je les ai pourtant bien aimés, oui, oui, y compris Alice, et même sa Planète des singes, tant critiqués. Mais là... même si c'est tout à fait regardable, ça reste loin de ses productions antérieures, déjantées et visuellement époustouflantes.

D'abord, Burton nous a habitués au fantastique ; c'est l'essentiel de son oeuvre. On se demande donc ce qu'il lui a pris de faire un film sur ces deux peintres. Ceci dit, il faut se rappeler du génial Ed Wood : Tim sait faire aussi du biopic ! Mais il avait choisi là un bonhomme assez extravagant. Margaret Keane, elle, semble on ne peut plus normale, sa peinture n'est pas transcendante, (sans doute pour ça qu'on ne la connaissait pas... enfin, moi en tous cas, et pourtant je suis assez blindée côté peinture, je n'en avais jamais entendu parler), et surtout l'intrigue : Monsieur qui se fait passer pour l'auteur des toiles, alors que c'est sa femme qui peint... c'est un "classique" ! Rien d'extraordinaire là-dedans. Combien d'artistes femmes ont dû, volontairement ou pas, prendre le nom de leur mari ou un un prénom masculin, pour arriver à pousser les portes ? Banal, donc. A creuser cependant... cette série de "poulbots" qu'on nous présente n'est pas esthétiquement passionnante, mais ne connaissant Margaret, faut que j'aille voir ça de plus près ; Tim a peut-être "raté" sa mise en valeur de l'artiste.

Donc première déception. Ensuite la mise en scène reste hyper classique, voire paresseuse, tranquille, pépère. Idem pour Amy Adams, transparente, atone. Elle devrait pourtant avoir du répondant, du peps, puisqu'elle avait déjà quitté un premier mari, et qu'elle a fini par reprendre l'usage de son nom, de son art et divorcer de son second. Il n'y a guère que Waltz qui tire son épingle du jeu, entre séduction ravageuse, manipulation et autorité maritale dérangeante.

Pourtant je laisse la moyenne à mon bon Tim. Je ne peux pas dire que ça soit un navet, loin de là. Et j'ai aimé les couleurs, les jolies lumières, la reconstitution joyeuse des années 50. J'ai suivi jusqu'au bout, curieuse tout de même de connaître l'histoire complète et de savoir si Margaret Keane aurait les "honneurs" de mon blog de peinture. La réponse est oui, parce que ce que je viens de découvrir sur Internet s'avère beaucoup plus attrayant et intéressant que ce qu'on voit dans le film...

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A noter : deux jolies chansons de Lana Del Rey. Et UNE scène burtonienne où Margaret, stressée, dans un supermarché, voit soudain tous les gens affublés de "gros yeux" comme dans ses peintures... Un peu inattendue, vu le reste du film, voire incongrue.

Aujourd'hui, Margaret a 89 ans et elle peint toujours.

Mais ce n'est pas mon film préféré.

368.000 entrées en France, pas si mal, mais modeste pour un Burton. Les critiques objectifs, ceux qui regardent le film d'un oeil frais, ont plutôt aimé. Les gros détracteurs viennent du côté des fans de Burton (un comble)... qui ne supportent pas que le Maître s'éloigne de ses monstres habituels. Et qui trouve donc tout moche et kitsch et sans intérêt. Mêmes réactions côté public.

Le film entre le Challenge, catégorie Film d'un réalisateur adoré.


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