Antisionisme

Publié le 26 janvier 2016 par Malesherbes

Le Canard enchaîné du 20 janvier a décerné une noix d’honneur à Rony Brauman pour une déclaration faite le 16 janvier à Europe 1 suite à la tentative d’assassinat faite sur un  enseignant de Marseille : « Porter la kippa aujourd’hui, c’est une affirmation politique autant qu’une affirmation religieuse, c’est aussi faire allégeance à l’État d’Israël ».

Rony Brauman, médecin, né à Jérusalem, a longtemps œuvré dans l’humanitaire. Ici, paradoxalement, il s’aligne inconsciemment sur tous ceux qui, tels Dieudonné ou Soral, tentent de dissimuler leur antisémitisme en le baptisant antisionisme. Tous ces faussaires feignent d’ignorer ce qu’est le sionisme.  Pendant des siècles, les Juifs ont connu discriminations et persécutions. A la fin du XIX° siècle, certains ont alors conçu le rêve d’un Etat juif où ils seraient à l’abri de toutes ces épreuves. C’est l’antisémitisme qui a fait naître le sionisme. Combattre le sionisme, c’est dénier aux Juifs le droit de se protéger de leurs ennemis, les vouloir à jamais victimes des antisémites, les persécuter, en un mot, c’est être antisémite.

Naturellement, ce qui a pu susciter une opposition à ce projet, c’est le fait que Sion est le nom d’un lieu occupé par les Juifs avant leur dispersion et où, depuis, d’autres habitants s’étaient installés. Ce point, trop complexe pour être abordé au détour de ce billet, fera l’objet d’un autre.

Mais revenons-en à cette déclaration péremptoire de Monsieur Brauman, notoirement opposé à la politique d’Israël. La plupart des Juifs vivent en dehors d’Israël et n’ont guère d’influence sur la politique de cet État souverain. Israël est une démocratie et compte en son sein des citoyens opposés à la politique de leur gouvernement, ce qui démontre, si besoin était, son caractère démocratique. Bien plus, certains de ces citoyens, et jusqu’à des soldats, manifestent en faveur de Palestiniens et leur portent assistance, au risque d’être traités de traîtres par d’autres. Il est donc absurde de considérer que chaque Juif se préoccupe de faire allégeance à Israël.

Ceci posé, comment donc M. Brauman peut-il lire dans l’âme  d’un professeur de religion français vivant à Marseille ? Qu’est-ce donc qui lui permet d’affirmer que ce professeur porte une kippa plus en signe d’allégeance à l’État d’Israël que pour manifester sa foi ?  Sans doute le fait que, de par sa nature sectaire, pétrie de certitudes, il pense que, tout comme lui, un homme ne se détermine que par parti pris, incapable de suivre son cœur.