Lors de ma présentation du film une semaine avant sa sortie, afin de vous faire gagner des places pour aller le voir, j'expliquais que le premier long-métrage d'Eva Husson, Bang Gang, une histoire d'amour moderne, avait provoqué un certain émoi, lors de sa présentation au dernier festival de Toronto, à l'automne dernier.
Refusé à Cannes en raison du caractère trop sexuel du film - alors que paradoxalement Love, qui aborde la sexualité de manière bien plus frontale ( et ridicule?) avait été projeté avec tambourts et trompettes- et sorti un peu en catimini en ce début d'année, ce premier long métrage français est pourtant un des évènements cinéma de ce début d'année, dans le sens où ce film peut être considérée comme le nouvel étalon cinématographique en matière de sexualité des jeunes, 20 ans après 1995, " Kids", le chef d'oeuvre du genre de Larry Clark.
On voit bien qu'Eva Husson, qui est partie étudier le cinéma aux Etats Unis après avoir reçu un refus à son souhait d'intégrer la FEMIS, doit partculièrement au cinéma de Larry Clark et également à celui de Gus Van Sant et Sofia Coppola, par sa manière de filmer les adolescents avec énormément de sensualité et d'amour pour ces corps en devenir, mais n'oublie pas non plus de filmer ces âmes et ces esprits en pleine construction, en prenant soin de ne pas porter de jugement sur ses personnages.
Il serait profondément éronné de ne faire de Bang gang uniquement un film sulfureux qui montre des partouzes de jeune gens : s'il situe son intrigue dans l'univers d'adolescents en quête d'expérience, et qui vont chercher à repousser leurs limites sexuelles au maximum.Evidémment, le film ne se prétend pas être une radioscopie de tous les adolescents de France- et le procès d'intention fait à ce niveau là à la cinéaste me semble peu pertinent- un peu comme 17 filles des soeurs Coulin renvoyaient à un fait divers adolescent particulier-, mais bien plutôt l'étude d'un cas particulier basé sur des faits authetniques, qui démontre parfaitement cette période charnière de la vie ou l'on tente des choses pour essayer de mieux se connaitre. Jamais moralisateur, le film d'Eva Husson prend soin de ne jamais juger ses personnages, les traitant avec une certaine douceur, même les personnages les plus antipathiques du film, notamment les garçons peu épargnés par la réalisatrice- à part celui de Gabriel, plus nuancé que les 2 autres garçons. Surtout, Eva Husson prend le parti de filmer ces adolescents de très près, mais en prenant soin de ne jamais donner toutes les clés pour les appréhender totalement, et ses personnages, notamment George, cette Brigitte Bardot miniature particulièrement insaissisable conserveront une opacité tout le long du film.BANG GANG Bande Annonce (2015)