Une névrite optique est une inflammation du nerf optique. Elle peut causer une perte soudaine partielle ou complète de la vision. Ces phénomènes peuvent être réversibles mais peuvent aussi évoluer vers une quasi cécité. L'origine des névrites peut être liée à la sclérose en plaque, à une vasculite (inflammation des vaisseaux sanguins), aux maladies infectieuses et auto-immunes, au diabète, aux intoxications par le tabac et l'alcool,... Les névrites optiques concernent généralement les personnes âgées entre 18 et 45 ans.Source iconographique et légendaire: http://www.braille.be/fr/documentation/pathologies-visuelles/nevrite-optique
La névrite optique aigüe démylélinisante, caractéristique fréquemment rencontrée dans la sclérose en plaques, entraîne des dommages à la vue du fait de la neurodégénérescence provoquée au niveau de nerf optique et de ses fibres rétiniennes. L’inhibition des canaux sodiques dépendant du voltage est neuroprotectrice dans certains modèles précliniques. Notre étude visait à établir si l’inhibition des canaux sodiques à l’aide de la phénytoïne est neuroprotectrice chez des patients atteints de névrite optique aigue.Nous avons effectué un essai de phase 2 randomisé en double-aveugle et contrôlé par placebo dans deux hôpitaux universitaires britanniques, situés à Londres et à Sheffield. Les patients atteints de névrite optique âgés de 18 à 60 ans, se présentant dans les deux semaines suivant le déclenchement des troubles, montrant une acuité visuelle de 6/9 ou moins, ont été répartis de manière aléatoire (1:1) par minimisation, à l’aide d’un système internet, pour recevoir de la phénytoïne per os (dose de maintien de 4 mg/jour si randomisés le 16 juillet 2013 ou avant, et 6 mg/jour si randomisés le 17 juillet ou après) ou le placebo pendant 3 mois, stratifiés par moment d’apparition, centre d’étude, diagnostic préalable de sclérose en plaques, utilisation d’un traitement ayant eu un effet sur la maladie, et usage de corticostéroïdes pour leur névrite optique aigue. Ni les patients, ni le personnel de l’étude, ni les investigateurs n’avaient accès au tableau de randomisation. Le critère principal de l’étude était l’épaisseur de fibres nerveuses rétiniennes (mesure RNFL) de l’œil atteint à 6 mois, ajustée par rapport à l’évolution de l’œil contralatéral à la ligne de base, analysée sur population en intention de traiter modifiée chez tous les participants randomisés qui étaient présents au suivi à 6 mois. L’innocuité a été analysée dans la population entière, incluant les individus perdus au cours du suivi. (…).
Nous avons recruté 86 participants entre le 3 février 2012 et le 22 mai 2014 (42 ont reçu la phénytoïne et 44 le placebo). 29 ont recu la phénytoïne à raison de 4 mg/kg, et 13 ont reçu la phénytoïne à raison de 6 mg/kg par. Cinq participants ont été perdus de vue au suivi ; ainsi, l’analyse primaire a inclus 81 participants (39 recevant la phénytoïne et 44 recevant le placebo). L’épaisseur RNFL moyenne à 6 mois de l’œil affecté était de 81.46 μm (Ecart-Type [EC] 16.27) dans le groupe phénytoïne (correspondant à une diminution moyenne de 16.69 μm [EC 13.73] à partir de la ligne de base) versus 74.29 μm (15.14) dans le groupe placebo (correspondant à une diminution moyenne de 23.79 μm [13.97] depuis la ligne de base) ; différence ajustée à 6 mois de 7.15 μm [Intervalle de Confiance -IC- 95% 1.08-13.22] ; p=0.021), correspondant à une réduction de 30% de l’étendue de la perte d’épaisseur de RNFL avec phenytoïne en comparaison du placebo. Le traitement a été bien supporté, avec cinq (12%) patients sur présentant un évènement indésirable grave dans le groupe phénytoïne (un seul évènement indésirable grave - une éruption cutanée - était attribuable à la phénytoïne) en comparaison de deux (5%) patients sur 44 dans le groupe placebo.
Ces résultats soutiennent le concept selon lequel la phénytoïne exerce un effet neuroprotecteur chez les patients atteints de névrite optique aigue, à des concentrations bloquant sélectivement les canaux sodiques dépendant du voltage. De futures investigations, avec pour support des essais cliniques sur la névrite optique et la sclérose en plaques récidivante se justifient. Rhian Raftopoulos, MRCP, et al, dans The Lancet Neurology, publication en ligne en avant-première, 25 janvier 2016
Financement : US National Multiple Sclerosis Society, Multiple Sclerosis Society of Great Britain and Northern Ireland, Novartis, UK National Institute for Health Research (NIHR), and NIHR UCLH/UCL Biomedical Research Centre.
Source: The Lancet Online / Traduction et adaptation: NZ