Dans de nombreux pays, quand un bébé nait avec une petite taille ou un faible poids de naissance, la durée précise de la grossesse n’est pas connue. Pourtant, il est important de déterminer si le bébé est né prématurément. Ces travaux de chercheurs de Université de l’Iowa identifient une signature métabolique qui permet de préciser combien de semaines exactement la mère a porté son bébé. Ce mode de diagnostic de l’âge gestationnel, via un profil métabolique du nourrisson non seulement est indispensable pour faire les bons choix médicaux mais va également permettre au niveau épidémiologique d’identifier les taux de prématurité et de cibler ensuite les zones à risque avec des interventions et des programmes de prévention. Le point sur ce nouveau mode de détection dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology.
Une nouvelle option primordiale, alors que selon l’Organisation mondiale de la Santé, environ 15 millions de bébés naissent prématurés chaque année, soit plus de 1 bébé sur 10 dans le monde. Environ 60% de ces bébés prématurés naissent en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud. Si dans les pays riches, le suivi prénatal et les échographies permettent de préciser la plupart du temps l’âge gestationnel exact de l’enfant, ce n’est pas toujours le cas dans ces pays en développement qui n’offrent pas le même accès aux soins et ne disposent pas des mêmes technologies. Or la prématurité -définie comme une naissance avant 37 semaines de grossesse- reste la principale cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde. Près d’1 million d’enfants meurent chaque année de complications liées à la prématurité. Et lorsqu’ils survivent, ils font généralement face à des déficiences visuelles et auditives et en autres troubles, à des difficultés d’apprentissage.
Savoir si un nouveau-né est prématuré ou pas peut faire toute la différence dans le choix des soins médicaux le bébé a besoin. Le Dr Kelli Ryckman, professeur d’épidémiologie et auteur principal explique que cette donnée est critique dans les choix thérapeutiques et les points précis de surveillance à exercer.
Tout ce qu’il faut c’est une goutte de sang : ces travaux vont permettre grâce à un profil métabolique dérivé de mesures de routine du nouveau-né, et à partir d’une simple goutte de sang, d’estimer l’âge gestationnel du nourrisson. Ce modèle est issu de l’analyse de 5 années de données portant sur environ 300.000 naissances suivies par le programme de dépistage néonatal de l’Iowa. Les chercheurs ont développé, à partir des marqueurs métaboliques du nouveau-né un » algorithme gestationnel « , utilisable le jour de la naissance.
Le modèle est basé sur 88 paramètres, dont 37 mesures, 29 mesures au carré et 21 mesures au cube de métabolites. Le modèle permet d’évaluer 52,8% de la variation dans l’âge gestationnel. Il perdit l’âge gestationnel à 1 semaine près pour 78% des bébés et à 2 semaines près pour 95% des bébés. Enfin, il permet surtout de différencier les nouveau-nés avant terme (<37 semaines) des nouveau-nés à terme (≥37 semaines).
ØSur l’ensemble des dossiers de l’analyse, le modèle identifie un ensemble équivalent à 18,79% des nourrissons de petite taille comme prématurés ou nés avant 37 semaines de grossesse…
Un modèle à grand intérêt pour les pays à faibles ressources de santé, où les femmes ne reçoivent que tardivement ou pas du tout de soins prénatals. Un nouvel essai est en cours actuellement sur 800 naissances, en Ouganda et au Malawi.
Source: American Journal of Obstetrics and Gynecology November 29, 2015 10.1016/j.ajog.2015.11.028 Predicting gestational age using neonatal metabolic markers (Visuel@Université de l’Iowa)
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