Un film de Gia Coppola (2014 - USA) avec Emma Roberts, Jack Kilmer, Nat Wolff, Zoe Levin, James Franco
Du charme.
L'histoire : Palo Alto, une petite ville de Californie, près de San Francisco, plutôt huppée, plutôt branchée. Des jeunes lycéens s'ennuient ; entre leurs cours qui ne les intéressent guère et leurs maisons avec piscine. Les garçons font des petites bêtises, les filles semblent faire un concours pour savoir qui aura le plus d'amants d'un soir, et pour ce faire, passent le temps à se pomponner, tenue sexy, boucles longues et maquillage outré... Tous fument beaucoup, boivent énlormément et enchaînent les joints. April, plus réservée, s'étonne d'entendre autour d'elle ses amis être si négatifs. Elle a envie de faire des trucs bien dans la vie. Mais quoi ? Aucune idée. Pour l'instant elle se focalise sur son prof de sport, plutôt sexy...
Mon avis : Oui il a du charme, ce film. Même si ce n'est pas trop ma tasse de thé : le temps qui passe doucement, des petits riens, du quotidien... En l'occurrence quelques lycéens, dans les milieux plutôt bourgeois d'une ville californienne, qui semblent n'avoir d'autres loisirs que les fêtes très alcoolisées, et d'autre motivation que de finir bourré ou stone. Ils semblent tout à fait perdus dans leur paradis artificiel qu'ils ne veulent pas quitter car la réalité leur semble inintéressante. Constat effroyable.
Ce milieu friqué, ces parents plus ou moins absents, cette nonchalance mélancolique, cette poésie qui affleure, cette musique originale... ça ne vous rappelle rien ? Tata Sofia ! Gia est en effet la nièce de Sofia Coppola (et donc la petite-fille de Francis). Ces histoires de jeunes déphasés : Virgin suicides, Somewhere, The Bling ring... c'est exactement ça ! Si elle veut faire du cinéma, Gia, il va falloir qu'elle se détache de l'influence de Tantine et trouve son propre style ! Je trouve étrange que ça ne lui ait pas sauté aux yeux, qu'elle n'ait pas eu envie de faire autre chose, de se démarquer, de montrer un autre univers. Serait-elle comme ces mômes ? Incapable d'imagination ? Se laissant porter par le courant ?
A noter que le film s'inspire d'une nouvelle de James Franco. On reste entre soi. James joue d'ailleurs dans le film et Palo Alto est la ville de son enfance. Emma est la nièce de Julia. Jack Kilmer est le fils de Val, lequel a également un petit rôle. Dans les jeunes, on a aussi le fils de Michael Madsen. Et d'autres sans doute...
Et puis au final, c'est quoi le message ? Chez les riches aussi on s'ennuie ? Comme les petits pauvres en bas de leurs tours dans les banlieues pourries ? Sans espoir, sans avenir. Ces jeunes semblent n'avoir aucune envie, aucun désir, aucune motivation... On se dit C'est l'air du temps, la politique nauséabonde, le terrorisme, le chômage, ils sont perdus... Et puis la fin arrive, un peu comme un cheveu sur la soupe, en gros cliché romantique : April sourit, Teddy sourit... parce qu'ils sont tombés amoureux l'un de l'autre. Comme si finalement le bonheur ne tenait qu'à ça. L'amour. L'amour qui répondrait à toutes les questions existentielles et aux vertus de la petite délinquance. Ben dis donc... tout ça pour en arriver là ? Et c'est vachement réducteur, ou vachement cucul, je ne sais pas... J'hésite entre les deux. Je me disais qu'April était une fille qui sortait du lot, qui s'interrogeait, qui ne savait pas ce qu'elle voulait, mais qui savait ce qu'elle ne voulait pas, qu'elle allait nous surprendre, prendre un chemin... Ben non, elle est juste contente que le morveux de son âge lui envoie un texto. On est content pour elle. Mais je suis déçue.
Je m'attendais à quoi ? Je n'en sais fichtrement rien. Quelque chose d'un peu plus positif. C'est le genre de film qui vous fout la déprime : mais qu'est-ce qu'on va faire de ces petits jeunes ? Ils se fichent de l'école, se fichent de l'avenir, se fichent des parents. En même temps... c'est un peu comme nous au même âge ? Non. La différence, c'est qu'ils fument un max, ils se droguent, ils se prennent des cuites... et ils n'ont aucun "métier de rêve" en tête. Ma génération était préservée des abus en tous genres et nous avions tous des idées de professions qui nous tenaient à coeur. Nous étions moins abrutis par les drogues et il nous restait du temps de cerveau disponible pour réfléchir.
On dirait qu'ils sont embrumés. C'est triste, vraiment.
C'est pour ça que je ne sais pas trop si j'ai aimé ou pas. Je dirais que la prestation d'Emma Roberts, à la fois tragique et lumineuse, une sorte de Lana Del Rey, et cet univers californien entre glamour, nostalgie et désoeuvrement, sont l'atout essentiel du film. Le jeune Jack Vilmer est aussi croquignolet et prometteur.
Les critiques sont plutôt bonnes. On trouve même à la jeune Gia plus de talent qu'à sa tante. Hum. C'est très joliment fait, c'est vrai... mais c'est copié ! Parmi les quelques détracteurs, certains s'agacent du name dropping : ""Palo Alto" confirme malheureusement, hormis quelques brèves scènes, les craintes du film affiche, où les noms qui le composent comptent plus que le résultat à l’écran." (Critikat) et de l'influence trop directe de la tantine.
Le public est plus partagé, trouve le film assez touchant mais beaucoup commencent à être énervés par ces histoires de pauvres petits enfants riches.
Ce film entre dans la catégorie Réalisateur de moins de 30 ans du Challenge (Gia vient d'avoir 29 ans).