Sur fond de guerres de religion, au temps des rois et des reines, une jeune femme est mariée au Prince de Montpensier. Ce dernier est souvent absent : il combat pour son clan et ses convictions. Mais cela permet aux amours de naître et de revivre, et surtout aux amours interdites. Il y a tout d’abord le comte de Chabannes qui est follement épris de la princesse et lui déclare sans cesse son amour. Mais il a l’âge d’être son père et c’est même lui qui se charge de la transformer en vraie dame du monde. La jeune femme fait tout alors pour l’ignorer et le contraindre contre sa volonté à un rôle d’ami très cher. Elle le torture, s’en rend-elle compte ? Ce n’est pas tout : le futur roi de France, le duc d’Anjou, est lui aussi amoureux de la belle. Mais la Princesse de Montpensier n’a d’yeux que pour un seul homme, et il ne s’agit pas de son mari : c’est son ancien amant, toujours amoureux d’elle également, le duc de Guise. Quant à son mari justement, une féroce de jalousie ne peut être que la seule réponse possible.
Qu’est-ce qu’il y a après un triangle amoureux ? Polygone à 5 côtés ? Une princesse belle comme le jour, et quatre hommes du monde. Une sacrée histoire, qui a traversé le temps.
Oui, MAIS. Mais il faut prendre cette nouvelle pour ce qu’elle est : un écrit de femme (signé sous un autre nom à l’époque) publié, qui prend en compte les mœurs clairement admises de son temps et a fait rêvé des milliers de femmes et d’hommes face à ces amours impossibles. Il ne faut pas se moraliser des questions d’égalité homme-femme, car ça n’a tout simplement que peu de sens dans le contexte de cette nouvelle. Pour ceux et celles qui ne seraient pas sensibles à mes arguments, je vous demande à présent de voir cette nouvelle comme une histoire d’amours passionnés. Car peu de plumes serait capable de raconter les affres, les tortures et les bonheurs de l’amour aussi bien que Madame de La Fayette. Il est indéniable que cette auteure a un talent particulier pour décrire la violence des émotions et créer des personnages plein de vie.
Alors il est vrai que sur un plan pratique, cette nouvelle est assez dense, et au début il faut prendre le temps de bien replacer chaque personnage. Mais une fois ce petit effort fait (et ce n’est pas grand-chose, la nouvelle ne fait qu’une trentaine de pages), vous vous régalerez à chaque dialogue et vous vous prendrez d’affection pour un personnage. Personnellement, j’avais du mal à supporter la princesse mais je comprenais le mari et je compatissais au sort de Chabannes.
Je trouve que cette nouvelle est un parfait avant-goût de cette littérature de l’amour chevaleresque : je l’ai trouvé très accessible, divertissante et presque « moderne » par certains côtés. Alors, c’est sûr, je ne m’enfilerai pas des romans de ce genre et de cette époque par paquets de douze, mais ce petit livre a agréablement changé de mes lectures habituelles.
Madame de La Fayette, La Princesse de Montpensier, aux éditions Pocket, 1€55