Philippe halsman au jeu de paume...par hayley

Publié le 24 janvier 2016 par Thesistersdiary @thesisterdiary


Bonjour, L'exposition consacrée à Philippe Halsman s'achève aujourd'hui au Jeu de Paume alors il était temps que je partage avec vous mes impressions. C'est une exposition que j'avais hate de découvrir tant j'ai toujours admiré le travail du photographe au sujet duquel j'avais écrit pour un de mes travaux professionnels.  De Philippe Halsman, le grand public connait surtout ces délicieuses photos de célébrités immortalisées alors qu'elles effectuent des sauts: c'est le concept de la jumpology inventé par le photographe afin de saisir au vol les personnalités de ses sujets sans artifice ni calcul...Faire sautiller pour mieux appréhender la vérité de leur être.

Audrey Hepburn, 1955

Mais derrière le jeu et le 'name dropping' de cette série, se cache tout un pan de son travail fascinant, innovant, experimental et loufoque ainsi qu'une histoire personnelle qui éclaire ses créations d'une lumière intéressante. Philippe Halsman a capturé de magnifiques portraits d'artistes, d'acteurs mais aussi de personnalités tels que Albert Einstein ou Alfred Hitchcock dont il révèle le caractère grace à d'intenses représentations ou des clins d'oeil ludiques tel ce corbeau perché sur le cigare du réalisateur des Oiseaux

Alfred Hitchcock, 1962

Le photographe a aussi longuement collaboré avec Salvador Dali, empruntant son esprit surréaliste au peintre pour mieux imaginer des images excentriques à la narration perfectionniste: des mises-en-scène permises par des séances de photo expérimentales et des jeux de découpe, collage...intenses bien avant l' avènement de Photoshop.

In Voluptas Mors, 1951

L'exposition met aussi l'accent sur les nombreuses photographies que Philippe Halsman a prises de Marilyn Monroe, une Marilyn qu'il remarque alors qu'elle n'est qu'une jeune mannequin et qui se prête volontiers au jeu du storytelling photographique. Elle s'essaiera aussi à la jumpology en 1954: un seul essai qu'elle refuse de réitérer alors qu'elle souhaite ardemment conserver sa part de mystère. Quelques années plus tard, elle recommencera, cette fois-ci avec des centaines de sauts laissant peu de place à la spontanéité...

Marilyn Crying, 1950

Alors que l'exposition permet de mieux observer le travail de portraitiste et d'expérimentateur de Philippe Halsman, j'ai trouvé qu'elle sous-exploitait quelque peu la série des "Jump". A trop vouloir démontrer que le travail du photographe ne se résumait pas qu'à ça, on a comme l'impression que le musée l'a un peu remisée, dans un coin un peu tristounet...mais cette série qui est synonyme de jubilation, d'exubérance méritait un grain de folie majestueux!

The Duke and Duchess of Windsor, 1958

J'ai aussi été très étonnée du choix d'encadrement des photographies de la première salle. Au début, je me suis dit qu'avec mes études en muséologie, j'étais peut être devenue un peu chiante et que je cherchais la petite bête mais Christy qui m'accompagnait ce jour-là m'a fait la même reflexion. Ces anciennes photographies aux fonds un peu jaunâtres paraissent très ternes et "sales" avec leurs cadres blancs: un choix esthétique vraiment dommage qui ne valorisaient donc pas du tout les images. Sinon, je me suis régalée des petits documents personnels de la famille Halsman: leurs cartes de voeux adorables et amusantes qui donnent à voir un couple complice et tendre.

Philippe & Yvonne Halsman, Carte de Voeux, 1960

Comme je le disais, Philippe Halsman a eu une jeunesse difficile suite à une accusation de parricide fondée sur de désagréables relents antisémites et dont le jeune homme réussira à se soustraire grace à la mobilisation de la France et de nombreux intellectuels. Il semblerait alors qu'au moment où la vie lui a donné une deuxième chance, Philippe Halsman ait décidé de la placer sous le signe de l'irrévérence et de la joie, comme une envie de donner un coup de pied au passé. Il a ainsi crée une oeuvre antidote pour lui-même mais aussi pour les autres.

Brigitte Bardot, 1951


Bises