Un film de Jean-Marc Vallée (2014 - USA) avec Reese Witherspoon, Laura Dern
Légère déception. Manque d'émotion.
L'histoire : Cheryl, une jeune femme fraîchement divorcée, brûlant sa vie par les deux bouts, décide de partir faire seule un long trek sur un chemin de randonnée long et difficile. Elle veut se ressourcer, se retrouver, se prouver quelque chose... Mais quoi, elle ne le sait pas vraiment. Elle est sûre d'une seule chose, elle DOIT le faire. Malgré la fatigue, la faim, la soif, les pieds en sang, les rencontres dangereuses...
Mon avis : J'attendais beaucoup de ce film. Parce que j'adore Reese, parce que j'avais entendu parler de cette histoire, vraie, que j'aime les femmes aux destins extraordinaires (Cheryl a écrit un livre dont est tiré le film). Et puis j'avais l'impression que j'allais voir une sorte de version féminine de Into the wild. Erreur.
D'abord, c'est un peu brouillon, un peu décousu. On apprend les raisons qui ont poussé Cheryl à faire ce trek petit à petit, au moyen de flash-backs, pas toujours très clairs, et pas dans l'ordre chronologique... Et le portrait qui s'en dégage n'est pas très sympathique ; elle se drogue, elle trompe son mari à tour de bras (enfin, si je puis dire...). Alors, oui, OK, on apprend que son père était un alcoolique, violent, et sa mère est morte d'un cancer à 45 ans. Mais le mal est fait, on n'a plus trop d'empathie pour le personnage.
Ensuite, c'est très factuel. Cheryl essaie d'allumer son gaz, Cheryl marche, Cheryl monte sa tente, Cheryl a peur du monsieur au gros bidou, Cheryl rencontre un renard, Cheryl rencontre un gentil trekker, puis deux méchants, Cheryl a mal aux pieds... En même temps, c'est compliqué de mettre du sentiment, de l'émotion, de la passion, sur ce simple fil conducteur : une nana avec un gros gros gros sac à dos, qui trace sa route à travers la nature sauvage.
Ah ouais ? Ben comment il a fait, alors, Sean Penn ? Son Into the wild est juste magique, plein de rage, de joie, de larmes, de désespérance, de rencontres étonnantes et de paysages tellements beaux et différents les uns des autres que c'est une véritable ode à la nature.
Là, on est plutôt dans Martine fait du trekking. Je suis hyper méchante, c'est vrai. D'autant que je n'ai pas détesté le film, loin de là. Reese est toute mimi avec son petit short bleu et son gros gros gros sac à dos. Et on se dit qu'il faut avoir du cran pour faire ça, tout de même : moi j'aurais hyper la trouille de me faire attaquer. Ce qui a failli lui arriver d'ailleurs. Pauvres femmes que nous sommes... impossible de se balader tranquille, on a toujours peur du mâle en rut. Non, non, rigolez pas. On a toutes des histoires à vous raconter. Toutes. Bref. Je vais perdre l'ensemble de mon lectorat masculin...
Les paysages sont bien sympas aussi, on ne peut pas dire. Mais je ne sais pas... il manque quelque chose. De l'âme. De la souffrance, de la sueur. Elle est toujours jolie, le cheveu brillant, et elle ne boîte même pas lorsqu'elle a des ampoules grosses comme l'Empire State. Pas très crédible. Tout le reste est un peu too much. Même le renard, il n'avait pas l'air trop vrai... Ca aurait pourtant dû être waouh : rendez-vous compte, elle a fait 1800 km à pied !
Mais c'est regardable. Surtout si vous êtes fan de Reese. Ca aide. Disons que j'attendais mieux du réalisateur de Dallas Buyers Club, qui m'avait prise aux tripes.
111.000 entrées en France, ce n'est pas catastrophique, mais ce n'est pas un grand succès non plus.
La critique est partagée. Il y a ceux qui n'ont sans doute pas vu Into the wild et trouvent ça absolument magnifique. Et puis les autres. Comme Télérama par exemple, dont je partage l'avis : "Wild ne dramatise pas le propos. Pas assez, peut-être. Reese Witherspoon a beau mettre du sien dans l'effort, elle ne peut avoir le visage tragique et transfiguré d'une Ingrid Bergman gravissant le Stromboli devant la caméra de Rossellini" ou TF1News : "On a déjà vu ce film, plein de fois, ailleurs, en mieux. Ce serait inoffensif si Jean-Marc Vallée n'avait pas recours au pathos, au calcul misérabiliste".
Pas emballée moi non plus je suis.
Et voilà qui entre dans le Challenge, catégorie Adapté d'un livre.