A Nous Paris, Figaroscope, L’Express Styles, Le Fooding —et j’en passe ! Ça faisait bien 2 ou 3 ans que j’en entendais parler, et que j’avais l’intention d’aller goûter, un jour, ces fameuses empanadas et helados cités par tous les foodies parisiens. L’occasion ne s’était pourtant pas présentée et il a fallu que l’employeur de Monsieur déménage près de Pigalle pour que je goûte (enfin !) à ces délicieux chaussons salés et desserts glacés venus d’Argentine.
C’est un soir, après le travail, que Monsieur m’avait raconté avec un enthousiasme débordant sa parenthèse gastronomique de la journée. Lui qui n’est pourtant pas fan des quiches ou tartes salées, ni des desserts à base de crème, me narrait chaque détail de sa découverte avec des étincelles dans les yeux… C’est par hasard qu’il était tombé, non loin de la station Saint-Georges, sur le Clásico Argentino de Pigalle alors qu’il se demandait où il allait bien pouvoir déjeuner.
Faite de bois brut ou noir et ponctuée de notes blanches ou bleu ciel, la décoration donne un air à la fois rustique et chic à cette petite salle baignée de lumière naturelle. Clair, sobre et masculin : le lieu est à l’image d’une carte mono-produit, qui propose une dizaine de recettes traditionnelles, à base de viande et/ou de fromage principalement.
Garnis de boeuf, de porc ou de poulet, ou encore de thon, de maïs ou d’épinards, ces petits chaussons dorés coûtent (sur place) 4 ou 5 € l’unité.
Vous pouvez vous laisser guider par un menu Découverte Viande ou Végétarien (26 € pour 4 empanadas, une salade verte et un dessert), les panacher dans un menu Dégustation Clásico si vous venez à deux (39 € pour 8 pièces, salades et desserts) ou, si vous êtes plus nombreux, en commandant une planche de 12 à 44 €.
En semaine, vous pourrez déjeuner 3 empanadas, une salade et un dessert pour 12,50 € (menu midi) ou démarrer votre soirée avec un verre de vin ou une Quilmes et 2 empanadas (menu after work) pour 9,50 €.
Le restaurant propose également trois entrées (7-11 €) –dont un tiradito de lomo (boeuf) qui fait bien envie et une très graphique salade de betteraves– ainsi qu’une intéressante sélection de vins argentins, en bouteille ou au verre, à des prix très raisonnables.
C’est pendant notre pause déjeuner que nous nous sommes retrouvés, à la fin de l’été, à une petite table donnant sur la rue Henry Monnier. Enchanté par sa première expérience, Monsieur réitère sa commande à l’identique : jambon-fromage, viande, épinards, la salade qui va bien et un verre de son nouveau vin préféré, un Malbec léger, rond et fruité, très légèrement épicé, dont le nom –Festivo– est aussi séduisant que l’étiquette.
Je serai moi aussi charmée par sa couleur et ses saveurs, en essayant d’arrêter un choix –chose peu aisée au vu de la carte alléchante et des éloges de Monsieur. Je décide d’essayer le chausson au boeuf, celui aux épinards et celui du mois au fromage, porc et prune.
Les commandes passées, nous discutons en sirotant notre Festivo, puis les empanadas arrivent, magnifiques : petites mais dodues, bien dorées et alignées, accompagnées de roquette et de chimichurri, sorte de délicieuse sauce vierge très typique chez les gauchos, préparée a base d’huile et de vinaigre, d’oignon, ail et poivron, d’épices, d’herbes fraîches et sèches.
Dans un grand ramequin bien garni, la vinaigrette de la salade est, elle aussi, très réussie. J’attaque alors la première empanada : mon couteau brise la fine enveloppe dorée, laissant s’échapper de délicieux arômes qui chatouillent mes narines et éveillent mes papilles.
La pâte est légère, les ingrédients de la farce –des épinards et un fromage proche de la mozzarella–, bien équilibrés et assaisonnés. C’est un vrai régal, je savoure chaque bouchée en me disant que je risque de rester sur un goût de trop peu…
Je teste ensuite l’empanada du mois. Le fromage est absolument exquis ; je suis un peu moins fan de la charcuterie et, m’attendant à un mélange sucré-salé, je suis un peu déçue par la prune, qui s’est fait trop discrète. Je n’en tiendrai pas rigueur, car les ingrédients des chaussons et de la sauce sont d’une telle fraîcheur et qualité qu’on ne peut qu’apprécier.
Vient ensuite la traditionnelle empanada de carne, au boeuf haché et merveilleusement parfumé à la cannelle et au cumin. Cette farce se marie à la perfection avec le chimichurri et la roquette… Je me délecte.
En la terminant, je confirme les dires de Monsieur, ravi que j’aie autant apprécié : les quantités sont parfaites, on finit sa planche satisfait, laissant un peu de place pour la deuxième spécialité de la maison : los helados. Impossible de faire l’impasse sur la crème glacée au dulce de leche (confiture de lait et véritable symbole national), que je complèterai par un sorbet menthe-citron.
Côté dessert, même verdict –c’est frais, savoureux, gourmand, servi en juste quantité. Seul petit bémol, s’il fallait en trouver un : consommées dans le restaurant, les glaces pourraient être dressées dans un “vrai” ramequin plutôt que dans un gobelet en carton –certes bien brandé mais qui finit par être jeté.
Après avoir y avoir moi-mêne goûté, je comprends l’enthousiasme de Monsieur pour ces déjeuners, rituels devenus sacrés. Il me raconte que ce lieu est comme un sanctuaire dans le quartier –et pas que pour lui. Lors de ses escapades maintenant régulières, il y croise souvent un autre client, manifestement un Argentin nostalgique, toujours dans sa bulle.
Dégustant ses empanadas dans un plaisir solitaire, celui-ci savoure chaque bouchée les yeux fermés, comme s’il était le seul à pouvoir saisir la valeur de reliques de son passé. Comme si ces chaussons le transportaient à des milliers de kilomètres, à une autre époque, celle d’une belle et douce enfance…
Bref, si comme eux, vous allez à Clásico Argentino Pigalle le midi en semaine, vous y serez très bien accueillis par la charmante Anita. Mais sans compter leur food truck, il y a 5 autres autres adresses, qui livrent tout Paris et sont, pour la plupart, ouvertes 7 jours sur 7, parfois toute la journée. Vous ai-je dit que vous pouvez aussi commander à emporter ou faire appel au service traiteur ?
Ils proposent aussi une petite épicerie où vous pouvez acheter différentes boissons et douceurs, ou encore leur livre de recettes, que je vous conseille vivement de commander si vous n’avez pas l’occasion de venir à Paris. Parce que j’en suis à présent convaincue… Celeste is the new black!