Par Bernard Vassor
24 janvier, anniversaire de la mort de Gérard, pour un petit bonheur posthume avec "PANDORA".
Marie-Félicité-Denise Moke est née à Paris en 1811, elle est morte près de Bruxelles en 1875.
Son père était belge et sa mère (allemande), née Stegnitz, était marchande de toiles 137 rue Montmartre.
Son premier professeur de piano fut Jacques Herz. Sa précocité sucita l'étonnement général, si bien que revenue à Paris, elle devint l'élève du célèbre Kalkebrenner dont Chopin avait déclaré "qu'il était le seul pianiste dont je ne suis pas digne de délacer les souliers". Dès l'âge de 15 ans Marie était déjà comptée parmi les pianistes de premier ordre de son temps. Le très sourcilleux critique François-Joseph Fétis mentionne en conclusion d'une de ses notes critiques :
"J'ai entendu tous les pianistes célèbres(...) mais je déclare qu'aucun d'eux ne m'a donné , comme madame Pleyel, le sentiment de la perfection"
Marie-Félicité Moke a épousé Camille, né à Strasbourg (1792-1855) le fils aîné d'Ignace Pleyel, en 1831. 2 enfants sont nés de cette union qui fut rompue en 1835, Camille ne supportant plus les incartades de son épouse, le divorce étant interdit, il l'a répudiée cette année là). Les témoins de son temps lui attribuent de nombreuses liaisons nottamment avec le chef d'orchestre Ferdinand Hiller puis de 3 amis Alfred de Musset , Alfred Tattet et Félix Arvers en même temps ! Pour se venger de leur infortune, Tattet Arvers et Musset, envoyèrent chacun une mêche de cheveux de l'épouse infidèle à son mari. Gérard, quand il apprit cette aventure prononça cette prophétie, qui hélas se réalisa : "Ces trois hommes là mourront jeunes !!!"
Marie ensuite entreprit une longue tournée de concerts à travers l'Europe. Ce qui la conduisit pour ce qui concerne cette note à se produire à Vienne en 1839 et 1840.
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Hector Berlioz avait été fiancé à la coquette Marie-Félicité. De passage à la Villa-Médicis, le compositeur apprit le mariage de son inconstante et volage fiancée avec Camille Pleyel, l'héritier de la fabrique de piano de la rue Cadet. Ivre de jalousie, il fit l'acquisition d'un pistolet, avec l'intention de tuer sa promise dès son retour à Paris.. Fort heureusement, il ne mit pas son projet à exécution, ses velléités criminelles s'évanouirent au cours du voyage
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Gérard à Vienne :
Avant son départ Gérard avait renouvelé sa garde-robe grâce au crédit que lui avait accordé son tailleur Jean-Louis Arguyot (11 rue Neuve des Bons-Enfants, c'est au 13 de cette même rue la dernièe adresse de Gérard au moment de sa mort). Après 3 semaines de voyage, Gérard (avec le soutien du secrétaire de Guizot) arrive à Vienne le 19 décembre 1839 où il s'installe dans un faubourg populaire de Léopoldstach à l'hôtel "L'Aigle noir". Le timide admirateur, n'osait pas aborder l'objet de ses rêves les plus fous, bien que muni d'une lettre de recommandation de Jules Janin. Mais c'est une rencontre fortuite qui va mettre en présence Gérard et Marie Pleyel
Dans cette lettre de Marie Pleyel parafée "M" destinée à Jules Janin le 14 mai 1840
Marie ajoute : "Je lui ai bien souvent parlé de vous et quand j'étais triste de ne pas recevoir de vos nouvelles, il me consolait avec une parfaite bonté"
Et comme il est noté dans une thèse présentée par Chang Hwa PARK le 15 février 2012 : :
En 1839, chargé d’une mission politique, il quitte Paris, traverse la Suisse, passe par Constance, Lindau, Augsbourg, Munich et arrive Vienne. Il y séjourne de la minovembre 1839 au début mars 1840, et y rencontre surtout Franz Liszt et Marie Pleyel. Cette dernière semble lui avoir fourni le modèle de Pandora, femme fatale. Les quatre premiers chapitres de l’« Introduction » du Voyage en Orient sont la relation de ce voyage de 1839 de Paris à Vienne. Le séjour à Vienne est transposé surtout dans « Les Amours de Vienne » et Pandora.
https://bdr.u-paris10.fr/theses/internet/2012PA100046.pdf