Cela fait une éternité que je n’ai pas lu de livre pour la jeunesse. Enfin, non, ce n’est pas tout à fait vrai puisque je chronique régulièrement la saga de L’Epouvanteur (le troisième tome est d’ailleurs en ce moment-même sur ma table de chevet), et de plus, j’anime chaque semaine une heure du conte avec les élèves de mon école. Donc des histoires pour enfants ou des sagas fantastiques jeunesse, j’en lis parfois (souvent). Mais un roman one-shot qui décrit des amours adolescentes, ça faisait un bail. Je crois même depuis Twilight au moins (oui, j’ai lu Twilight). Alors quand on m’a donné Un amour de geek de Luc Blanvillain, je n’ai pas pu résister plus de quelques semaines. Surtout que j’avais l’impression de nous revoir, moi et mon compagnon, à l’époque du lycée.
Il faut dire qu’Esther l’héroïne aime la nature, monte à cheval (comme moi) et que l’autre protagoniste Thomas est un vrai geek fan de jeux-vidéos en ligne (comme mon compagnon). Thomas est amoureux d’Ester, voilà, ça lui est tombé dessus comme ça de façon aussi soudaine qu’imprévisible. Esther lui soumet donc une épreuve. Elle aussi éprouve des sentiments pour lui mais elle veut retrouver l’amour courtois et chevaleresque d’antan, elle veut se faire courtiser et demande donc à Thomas de passer un mois sans écran. Plus d’ordinateur, plus de portable, plus de télé. Le coup est dur pour notre apprenti hackeur, mais il tient trop à Esther et tente de relever un défi. Mais ce n’est pas simple alors qu’une affaire de vidéo de culotte (oui, oui) fait rage au lycée et qu’à la maison sa mère devient de plus en plus lointaine et énigmatique. Heureusement, Thomas peut compter sur sa petite sœur Pauline, une collégienne pleine de vie.
Vous voyez le topo, il y a tous les ingrédients réunis pour faire une histoire légère pour ado, et je ne dis pas ça en mal, au contraire, c’est exactement ce que je recherchais. Et oui, cette lecture est réellement divertissante. L’auteur (français ! Ça fait plaisir de ne pas lire une traduction dans ce domaine) a vraiment une plume agile tout aussi douée pour les dialogues que pour les questionnements intérieurs. La narration est rondement menée, on ne s’ennuie jamais : l’intrigue avance très bien, alors que les scènes qui se succèdent n’ont rien à voir entre elles, ce qui a pour effet d’empêcher la lassitude de s’installer. Un dosage parfait donc avec des personnages assez réalistes (même si plutôt manichéens, mais c’est assez normal de trouver cela dans un roman jeunesse).
Je tenais surtout à saluer la justesse de l’auteur concernant la gestion des émotions et l’évolution des personnages. Car dans ce roman on ne parle pas que de petites histoires d’ado mais aussi de secret, de problème de famille, du harcèlement en milieu scolaire, de l’amitié, du lien frère-sœur. Par moment c’est assez profond, juste assez pour donner du relief, de l’épaisseur à l’histoire et faire réfléchir le lecteur sans pour autant le déprimer. Au contraire, la balance entre « vrais sujets » et « péripéties légères » est vraiment idéale. Vous pouvez mettre ça entre les mains de vos ados sans aucun problème : c’est un livre très divertissant mais pas bête pour autant. On peut lui reprocher parfois quelques facilités dans l’histoire et dans la description des personnages, on se doute tous également de comment ça va se finir, mais il y a aussi de nombreux rebondissements et une identification immédiate aux deux héros. Dans l’ensemble une jolie réussite !
Luc Blanvillain, Un amour de geek, aux éditions Plon Jeunesse, 16€.