L’organisme est vraiment bien fait. Tout est programmé pour que tout se passe au mieux, principalement par des mécanismes de communication entre les cellules qui nous composent. Une cellule ressemble à un ballon de baudruche microscopique tout rond rempli d’eau et de sels, dont la surface est principalement composée d’huile et recouverte de petites serrures qui permettent d’interagir avec l’environnement extérieur. Au centre se trouve le noyau, une autre sphère (sauf pour les globules rouges qui transportent l’oxygène et les plaquettes qui servent à consolider la coagulation qui sont des cellules plates sans noyau en forme de soucoupe volante). On y trouve tout le matériel nécessaire à la réplication et au transfert d’information entre les différents organes. Le reste de la cellule est composé de petits compartiments qui sont capables de fournir de l’énergie (les fameuses mitochondries), mais également de produire ou modifier des protéines.
Les gentilles cellules fatiguées sont remplacées par d’autres en meilleure forme. C’est très simple. Lorsque tout va mal et qu’elles se sentent faiblir, elles émettent un signal et enclenchent un bouton d’autodestruction. Bib bip. Elles ouvrent leurs chakras, petent un bon coup, font pchouit et appellent leurs copines gloutonnes pour tout nettoyer et laisser la place aux nouvelles. Ces cellules toutes fraiches sont issues de la division d’autres cellules en pleine forme. Un petit plop et hop, elles se multiplient joyeusement. La réplication doit être parfaite. Si une cellule déconne, elle est rapidement repérée et détruite par des gendarmes apparenté aux globules blancs. Ces cellules patrouillent un peu partout dans l’organisme à la recherche d’agents étrangers susceptible de mettre le bazar. Chaque cellule d’un individu donné possède un code unique et propre à l’organisme qui permet de la différencier de ce que les gens savants appellent le non soi. Toute cellule ne possédant pas ce code est immédiatement détruite, tout comme certains microbes (les bactéries, virus ou champignons). C’est justement ce qui pose problème en cas de transplantation. Les cellules de l’organe transplanté sont initialement reconnues comme non soi par l’hôte et le malade doit se gaver de médicament pour que la greffe ne soit pas rejetée.
Dans certains cas, une cellule toute pourrie, vieille ou un peu bourrée se met à se reproduire de façon un peu anarchique. Elle se multiplie dans tous les sens, se transforme, produit des trucs un peu dégueulasses ou toxiques et dérégule son environnement proche, empêchant ses copines de vivre normalement dans la joie et la bonne humeur. Cette multiplication anarchique est parfois causée par un agent externe: produit chimique, cigarette, soleil. Certains organes sont plus réceptifs que d’autres. C’est ce qu’on appelle le cancer. Parfois, une petite grappe de cellules cancéreuses se décroche et migre pour coloniser un autre organe. C’est la métastase.
J’ai eu la chance d’assister la semaine dernière à la grande messe mondiale de la lutte contre le cancer. Cette manifestation se déroulait à Chicago et a permis de réunir cliniciens, pharmaciens et autres scientifiques issus de la recherche clinique ou de l’industrie pharmaceutique, tous impliqués dans le domaine. Plus de 30 000 personnes ont assisté aux présentations et aux symposiums. Ce congrès est généralement l’occasion d’annoncer les grandes découvertes de l’année. Aucun traitement révolutionnaire n’a malheureusement été annoncé et la tendance est plutôt de traiter avec les instruments que l’on possède déjà. De fabuleux outils ont fait leur apparition au début de la décennie. Les chercheurs tentent de trouver des traitements de plus en plus spécifiques et surtout d’améliorer les conditions de vie des patients. Ainsi est-on capable de produire des médicaments capables de reconnaitre uniquement les méchantes cellules et laisser tranquille les bonnes. On se rend également compte que certaines combinaisons permettent de prolonger l’espérance de vie des patients, et de plus en plus de formes orales sont développées pour le plus grand confort des malades. Si le congrès permet d’assister à de passionnantes conférences, il permet également aux laboratoires de parader communiquer dans un hall gigantesque digne du stade de France. Les stands aux moquettes profondes et onctueuses sont hollywoodiens et ventent l’efficacité des produits commercialisés ou en voie de l’être auprès des cliniciens. Plus intéressant, une partie non négligeable est exclusivement consacrée aux analystes financiers. Des dizaines de milliards d’euros sont en jeu et le cours de l’action d’une firme peu facilement dévisser en fonction des résultats présentés par ses représentants ou par la concurrence. Les Sopranos, à côté, c’est du pipi de chat.
J’ai déjà tenté de publier quelques billets sur le sujet en insistant lourdement sur la prévention. Beaucoup pensent encore que l’on guérit facilement de ce type de pathologie et que les traitements sont toujours efficaces. D’autres pensent qu’ils sont protégés et qu’ils échapperont à la maladie. Soleil, tabac, alcool, mauvaise hygiène de vie, sédentarité, voici les facteurs de risque principaux. Le tabac n’agit pas seulement sur la gorge ou sur les poumons mais augmente globalement le risque d’apparition de la plupart des tumeurs. C’est la loose. Cependant, beaucoup de progrès ont été réalisés, notamment dans le traitement du cancer du sein ou du cancer colorectal. Le rein, longtemps parent pauvre, a été l’objet de toutes les attentions ces dernières années. Sans parler les leucémies (cancer des cellules du sang). On peut maintenant espérer venir à bout de certaines tumeurs en les dépistant précocement et en administrant les bons traitements aux bons dosages. Les prochaines années risquent d’être passionnantes. Si, j’vous jure Marie-Thérèse.
Ce billet n’est peut-être pas aussi distrayant que ceux consacrés à mes chiottes bouchées, à ma vie sexuelle, à Cindy Sander ou a Monsieur Lapin, mais cela m’a fait plaisir d’aborder le sujet le plus simplement possible.