Youssef Boubekeur : une touche contemporaine à travers le stylo à bille #24

Publié le 22 janvier 2016 par Monsieurbenedict @misterbenedict
Artiste parisien, Youssef Boubekeur compose son univers artistique principalement de dessins réalisés au stylo BIC. L'artiste nous plonge dans une galerie où les personnalités d'antan et les animaux sont mis en lumière grâce à sa touche personnelle ! Qui se cache derrière Youssef Boubekeur ?

Un artiste Parisien de 34 ans. Fou de dessin, d'illustration, de street art...des arts en général.

Quel est votre parcours ?

Je suis architecte de formation. J'ai étudié à l'Ecole d'architecture de la Villette, puis à l'Université Waseda à Tokyo. Depuis, je travaille régulièrement comme scénographe. Pendant mes études, j'ai rencontré le street artist JR. Je l'ai souvent accompagné dans différents de ses projets, en Israël, au Brésil, en Chine...encore récemment en Turquie.

Comment est née votre passion du dessin ?

Depuis l'enfance. Je me souviens que j'étais fasciné par un tableau de Matisse " La Tristesse du Roi ". Je m'amusais à le reproduire. Je me souviens que mon père m'interdisait de dessiner, tellement j'y passais du temps ! Plus tard, mon dessin s'est trouvé grandement influencé par la bande dessinée, manga et comics. J'en ai lu des centaines, étudiais leur univers graphique, et la technique de leurs auteurs. Ils m'ont énormément apporté.

Le stylo à bille est devenu votre outil de création. Pourquoi avoir choisi ce dernier pour réaliser vos illustrations ?

Je n'ai pas toujours dessiné au stylo Bic, mais il est devenu, c'est vrai, ces dernières années, mon instrument de prédilection. Je l'aime parce qu'il est précis, mais ... indélébile. C'est un trait sur lequel on ne revient pas. Aussi précis qu'il soit, il donne à mon dessin un caractère plus spontané : je dois construire avec et sur mes erreurs. Elles font partie intégrante de mon dessin, de mon processus de création. Mon dessin est un art de la précision...mais pas du regret ! J'aime cette idée. Les gens ont souvent tendance à penser qu'il est plus dur de dessiner au stylo, plutôt qu'au crayon. En fait pour moi, c'est plutôt l'inverse. Le Bic m'aide à ne pas revenir indéfiniment sur mon dessin, mais toujours de continuer, d'aller de l'avant. Du reste, construire sur mes erreurs est en réalité très agréable. Je dis souvent que je travaille mes dessins comme on sculpte de la matière.

Enfin, j'aime le bleu du Bic. C'est amusant, s'agissant d'un instrument de la vie courante, d'une banalité totale, qui n'a des fins qu'utilitaires et absolument pas esthétiques. Mais ce bleu est très beau. Il me permet de jeter un voile doux et apaisé sur l'hyperréalisme de mes dessins.

Quel est votre processus de création ?

Très simplement, je dessine ce que j'ai envie de dessiner. J'ai une passion évidente pour le portrait. Un intérêt particulier pour les regards. Quand un regard, une expression, m'arrête ou me touche, il me prend envie de le dessiner.J'ai bien évidemment des thèmes de prédilection. Par exemple, j'adore surprendre un regard éminemment humain - parce que complexe, particulièrement expressif ou intense - chez un animal. Je trouve ça particulièrement déstabilisant, parce que cela interroge des choses très profondes : le sentiment d'altérité, la condition humaine et sa part animale. Ma première exposition consistait ainsi en une galerie de portraits : des têtes - des " visages " ! - animaux sur des corps humains, habillés. Pour le sous-titre de l'exposition, j'avais retenu une citation de Paul Valéry : " L'homme est un animal enfermé à l'extérieur de sa cage ". Ce thème me fascine.

Quelles sont vos sources d'inspiration ?

Robert Longo, évidemment. Ernest Pignon Ernest, surtout, qui a si bien su faire le lien entre deux de mes passions : le dessin et le street art. Son dessin est sublime et la scénographie qu'il sait lui donner tout son sens.Norman Rockwell, aussi. Et Alex Ross, pour mes années adolescentes.

En octobre 2015, vous avez exposé votre travail à travers l'exposition " Dandy : portraits de la vie moderne " à la galerie La Lanterne qui mettait en scène une série de dessins entièrement réalisés au stylo BIC. Quel(s) souvenir(s) gardez-vous de cette expérience ?

Il s'agissait de la toute première exposition de la Lanterne, qui ouvrait alors ses portes. J'ai été ravi et flatté de participer au lancement de cette jeune galerie.J'ai également récemment exposé quelques pièces chez Magda Danysz, dans le cadre de son group show sur le dessin. C'était aussi une belle expérience.Exposer est toujours un plaisir.Montrer son art permet à l'artiste d'offrir à ses pièces un regard nouveau, une interprétation nouvelle, à laquelle il n'avait pas pensé. C'est à travers le regard des autres que l'on fait vivre son art.

Avez-vous des projets d'avenir ?

Une exposition à Malaga au printemps. Un solo show en juin. Des collaborations et...de nouvelles séries de dessins ! Et des voyages.

Un mot de conclusion ?

Les journées ne sont pas assez longues !

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