Pop. Culture. Comics. Ce ne sont pas des insultes, en tout cas ils ne le deviendront pas sous la plume de Thomas Olivri, auteur de Geek-Art : Une anthologie art, design, illustrations et sabres-laser. Ce sont des matières à ennoblir et chéries pour les quelques 92 artistes honorés dans une galerie miniaturisée de plus de 400 pages. Si ce n’était qu’une collecte élégante, Geek-Art Vol. 2 ne mériterait peut-être pas d’être consulté : par contre, assemblez 90 créateurs. Observez les inspirations similaires balayant un spectre large depuis la littérature, les bulles de comics jusqu’aux pixels d’un jeu ou d’un film numérique. Ajoutez-y une problématique : au fond, pourquoi des personnages ou des créations peuvent nous émouvoir au-delà de nos langues, de nos croyances ou de nos espérances ?
Une source, des inspirations.
L’artiste Drake Craig exprime une forme de minimalisme … Parmi des dizaines d’autres sur des thèmes semblables de l’ouvrage Geek-Art.
Une oeuvre nous plaît pour sa faculté à parler, d’une manière ou d’une autre, de nous. Avec Geek-Art : Une anthologie, le feuilletage nous confronte à Star Wars, Star Trek, Terminator. Passionné ou non, chacun en connaît au minimum le nom, au mieux le support sur lequel il a été porté voire vit avec des images gravées en mémoire. Ce serait une erreur de parler d’oeuvres générationnelles, là se situe l’un des fers de lance de l’ouvrage, tant chaque film ou chaque série télévisée prend une place historique et sentimentale pour ses révolutions et l’interprétation d’un message entre les années 1980 jusqu’à nos nostalgiques jours. Si l’on aurait aimé une intervention personnelle des divers auteurs pour expliquer des raisons qui ont poussé à la création, la classification alphabétique met en parallèle des inspirations troublantes de ressemblance. Une source, la princesse Leia de Star Wars, donne lieu à des visions personnelles allant de l’affiche à l’alliage de l’aplat minimaliste dans un format paysage. S’il y a bien une autre idée à retenir de ce Geek-Art, l’art au sens classique et traditionnel y a une place authentique.
Les Français ont aussi leur place dans le Geek-Art Vol.2. Notre partenaire a eu l’occasion de revenir plus en détails sur l’art de Guillemin Grégoire.
Aux premiers mots, art et pop s’assimilent plus facilement à la copie dématérialisée pixelisée. L’art ne cesse de se recycler dans cet ouvrage : la passion traverse les techniques les plus variées, les plus acceptées de l’art, rappelant là un vrai phénomène. Doublé d’un esthétisme redoutable.
Les crayons de Peter Pan.
Durieux Laurent est une des découvertes surprenantes de ce Geek-Art Vol. 2
Geek-Art : Une anthologie s’adresse à l’enfant, ce statut enfoui ou fièrement porté en bandoulière comme une identité. Manipuler la nostalgie revient à penser à ce tendre Bibendum Marshmallow de Ghostbusters : mal utilisée, bonjour les dégâts hors-sujet et racoleurs. Geek-Art tourne inévitablement son regard vers le passé en se jetant en même temps en 2014 (Année de rédaction de l’ouvrage) : non seulement les créateurs sélectionnés sont tous de grands enfants qui dévorent et trempent leurs pains au lait devant leurs dessins … Et en même temps, ces dessins s’actualisent, contournent des motifs plus précis, plus récents. Aujourd’hui, Game of Thrones a les répercussions sismiques provoquées par Star Trek et un bonus non négligeable venu droit des réseaux sociaux. En dépit de préférences pour telle ou telle série, tel jeu plutôt qu’un autre, chacun recherche une oeuvre évocatrice.
Une imagination sans limites de support(s) … !
Il y a là un semblant de quête quasi dérangeant à représenter la série la plus populaire, le film le plus surprenant d’Hollywood, le héros le plus cool et le mélange artistique au coeur d’un bouillon culturel. Au détour des oeuvres, la tablette graphique, Adobe Photoshop, l’aquarelle … Toutes les techniques (Ou presque) contribuent à une expression passionnée et passionnante parmi des artistes devenus favoris : Orlando Arocena, Matt Ferguson, Oskunk …
L’incontournable culture
Les passages les plus passionnants et explicatifs sont des retours commentés sur les diverses expositions tenues dans le passé.
Créer deux tomes sur un sujet marque un engagement dans le domaine du Pop’n geek doublé d’une initiative intéressante. Par appréciation, le principal reproche de l’anthologie Geek-Art demeure dans son manque de narration et de parti-pris dans la définition éventuelle d’un art pop-comics-culture. L’edito, le retour sur la saga Star Trek ou les pensées développées sur Game of Thrones font partie des interventions narratives les plus pertinentes et les plus constructives. En partant du principe qu’il n’existe aucune limite à l’art susnommé, pourquoi les premiers films du cinéma muet ne pourraient pas rejoindre une telle compilation paginée ? Le livre nous laisse cheminer et trouver des réponses séduisantes de facilité : peut-être pour ne pas être taxé de « péremptoire », Geek-Art essaie finalement de n’être ni dans un pur ouvrage de reproductions ni dans un livre théorique : juste entre les deux, l’aventure suggère parfaitement de nouveaux tomes probables.
Mike Wrobel a déjà été cité à plusieurs reprises sur le Blog LaMaisonMusee.com. Il est tout naturel de le retrouver une nouvelle fois.
Geek-Art ne se contente pas d’exhumer Internet pour trouver ses intervenants : l’ouvrage trace le récit d’un phénomène allant des exemples édifiants aux moins connus. On peut reprocher à ce Geek-Art Volume 2 de nous présenter un contexte plus que de nous amener à un gain de sens ou de connaissances sur l’art pop’n geek. Qu’est-ce que l’art pop-comics-culture ? En fonction des choix et de la suggestion de ce seul tome, on peut lui donner les contours d’une sensibilité peut-être enfantine, personnelle, essentiellement américaine et inépuisablement inspirante.