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Le déclin de la biodiversité menace l’humanité

Publié le 22 janvier 2016 par Blanchemanche
#biodiversité
La biodiversité recule à tel point que l’on peut évoquer la probabilité de sa sixième extinction en masse, après les cinq survenues aux temps géologiques antérieurs. Une extinction qui a peut-être déjà commencé, depuis le début de l’« anthropocène », c’est-à-dire l’époque où l’homme est apparu et a exercé graduellement sa mainmise sur la Terre.par Alain Zecchini PNG - 132 koDes milieux particulièrement riches en espècesDe 1 à 10 millions d’années, selon les groupes : c’est la durée de vie d’une espèce, estimée par la paléontologie, dans des conditions normales, stables, de biodiversité. Mais, avec la suprématie d’Homo sapiens sapiens, ces conditions sont largement perturbées, et il semble peu probable que les espèces puissent se perpétuer aussi longtemps.Car l’être humain, à force de confondre l’utilisation de la nature et sa prédation, détruit le vivant de plus en plus largement, et de plus en plus rapidement. Les taux d’extinction actuels des espèces, rapportés à ceux qui existaient aux temps géologiques anciens, sont de 100 à 1 000 fois supérieurs (et parfois plus). Les menaces traditionnelles d’origine anthropique que représentent la destruction des habitats et la surexploitation sont renforcées par les invasions biologiques, les pollutions, les bouleversements climatiques (et, d’une manière générale, par l’altération des cycles biogéochimiques) et la surpopulation humaine.PNG - 210 koPrincipaux « hauts lieux » de la biodiversitéLa faune, la flore et les micro-organismes résistent de moins en moins aux pressions : 83 % de la surface terrestre est affectée par l’« empreinte humaine », c’est-à-dire l’espace de terre nécessaire aux activités des hommes.La quantification de la diversité du vivant est sans cesse réévaluée. Actuellement, elle est d’environ 3,6 millions d’espèces. Mais les perspectives sont sombres. Il a été estimé que plus du quart de ce chiffre, soit un million d’espèces, pourrait être perdu en 2050. Les enjeux sont particulièrement cruciaux pour les 34 « hauts lieux » (hotspots, en anglais), autant de sites biogéographiques du monde, qui abritent, sur seulement 2,3 % de la surface de la planète, 50 % des plantes vasculaires et 42 % des vertébrés terrestres.Les bilans sont déjà lourds. L’aire de répartition historique de 173 espèces emblématiques de mammifères, sur six continents, a diminué de 50 % ; un tiers des forêts du monde a été abattu depuis les premières civilisations agricoles ; la « viande de brousse » (chasse alimentaire, largement commerciale) détruit chaque année plusieurs dizaines de millions d’animaux, et cette « défaunation » est particulièrement à l’œuvre en Amazonie et dans le bassin du Congo.Disparition d’individus, de populations, puis disparition de l’espèce : le processus est bien établi. Il s’accompagne d’une désorganisation de la chaîne alimentaire (producteurs, consommateurs et décomposeurs). Et l’ensemble de l’écosystème est touché, parce que sa productivité (et sa stabilité, même évolutive) dépend de la diversité des types fonctionnels des espèces qu’il abrite.Or les écosystèmes, d’un point de vue utilitariste, fournissent quantité de biens et de services aux hommes. Ces apports « gratuits » ont pu être estimés annuellement entre 2 900 et 38 000 milliards de dollars (le PNB du monde représente 18 000 milliards). Mais les hommes sont prisonniers de la pléonexie, le désir d’avoir plus que nécessaire. Ils sont aussi irrationnels et égoïstes, car l’exploitation de la nature n’est pas analogue à la cueillette (qui permet le renouvellement de la ressource) mais à l’extractivisme, l’extraction jusqu’à épuisement du filon. Pour dix arbres coupés dans le monde, un seul est (re)planté.Le vivant est donc ponctionné, sans souci de ce qui pourra être laissé aux générations futures. Et sa marchandisation est accentuée par la mondialisation incontrôlée de l’économie. Dans une nature morte, quelles pourraient bien être la place et l’image de l’être humain ?

Sur la Toile

Convention sur la biodiversité : www.biodiv.orgInstitut français de la biodiversité : www.gis-ifb.orgInstitut international du développement durable : www.iisd.ca
Alain ZecchiniJournaliste scientifique. Biologiste de la conservation et journaliste scientifi que, auteur du livre Le Rhinocéros. Au nom de la corne,L’Harmattan, Paris, 1998.
Les cartes et figures ont été réalisées par un collectif dirigé par Philippe Rekacewicz et composé d’Emmanuelle BournayLaura Margueritte et Cécile Marin.
Emmanuelle Bournay, géographe et cartographe, coauteure du Vital Waste Graphics,Programme des Nations unies pour l’environnement - convention de Bâle, 2004.Laura Margueritte, cartographe.Cécile Marin, géographe et cartographe, coauteure de l’Atlas de l’océan mondial, Autrement, Paris, 2007.Philippe Rekacewicz, géographe et cartographe, auteur de L’Atlas mondial de l’eau,Autrement, Paris, 2003.Bibliographie :Robert Barbault et Bernard Chevassusau-Louis (sous la dir. de), Biodiversité et changements globaux, ministère des affaires étrangères, Paris, 2004.Robert Barbault (sous la dir. de) et Jean-Patrick Le Duc (coordinateur), Biodiversité. Science et gouvernance. Actes de la Conférence internationale, Paris, 2005.Robert Barbault, Un éléphant dans un jeu de quilles. L’homme dans la biodiversité, Seuil, Paris, 2006.
http://www.monde-diplomatique.fr/atlas/environnement/a53615

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