Les religions se prétendent gardiennes des moyens de parvenir à l'accomplissement intérieur. Mais en réalité, elles sont un obstacle à cet accomplissement. Non seulement parce qu'elles sont corrompues par leur pouvoir, mais encore parce qu'elle cachent la vérité simple sous une multitude de rites et d'obligation qui sont censées assurer une forme de sécurité : "Purifiez-vous ! Préparez-vous ! Faites ! Pratiquez ! Obéissez ! Ne réfléchissez pas !" Tel est le message de tous les prêtres, de tous les gourous, lamas et autres bergers. Ils cherchent à effrayer leurs ouailles, plutôt que de les encourager à faire usage de leur liberté. Sous couvert de leur assurer la survie, ils les empêchent de grandir.Le doigt, censé pointer vers la lune, la cache bien plutôt.C'est ce que dit ici un moine Carme, mais mystique :"Je ne puis m’empêcher de croire que toutes les grandes méthodes qu'on a inventée pour conduire à la dévotion, ne soient cause que si peu de personnes trouvent et cherchent Dieu purement et en vérité, ou bien c'est après un si long temps que la plus grande partie de la vie se passe à les apprendre ; et, après les avoir bien routinées, le plus souvent on voit ces pauvres âmes autant attachées à leur propre intérêt et au service de leurs appétits et passions, qu'elles aient jamais été."Tout est dit. Parti à la recherche de Dieu, on revient avec un nouvel ego, spirituel ou religieux ou autre. On devient expert en yoga, en méditation, en tantra, en thérapie-ceci, thérapie-cela, on a fait de milliers de prosternations, récité des millions de mantras, visité tant de sanctuaires... Et l'on est d'autant plus attaché à soi, à ce faux Soi, à cette image de soi, qui ne vit que pour le regard des autres; C'est la religion. Comme dit Longchenpa, "une chaîne dorée entrave autant qu'une chaîne de fer".Notre Carme poursuit :"La raison, à mon avis, de leur défaut est qu'elles s'étudient plus à se rendre parfaites dans leurs artifices et méthodes qu'en Dieu et pour Dieu.... C'est ainsi que les hommes s'aveuglent dans la lumière, et qu'ils se bâtissent des cachots de servitude dans le palais de la vraie liberté, et s'attachant plus fortement à leur propre dévotion qu'à Dieu même, ils s'empêchent de parvenir à la jouissance par les mêmes moyens qui les y devraient conduire."Maur de l'Enfant Jésus, Théologie chrétienne et mystique, p. 49Alors détournons notre attention de ces prétendus moyens, tout "traditionnels" soient-ils, et retournons-là vers notre centre, simplement et sans fioriture. Non pour y trouver le bonheur, la paix ou autre chose, mais parce que c'est la vérité. Que le doigt accomplisse enfin sa fin !