Environ un bébé sur 10 nait avant terme. Environ un papa sur 10 souffre de dépression pré ou postnatale. Cette large étude, menée sur près de 370.000 naissances identifie une association entre la dépression chez les futurs pères et un risque très accru de naissance très prématurée. L’étude confirme également le lien entre dépression maternelle avant ou pendant la grossesse et prématurité. Bref, des associations qui posent à nouveau plusieurs questions : toujours ce lien entre les traitements antidépresseurs chez la mère et la prématurité, celui, moins probable chez le père entre les antidépresseurs et la qualité (épigénétique) du sperme, et bien sûr l’effet du stress sur le bon déroulement de la grossesse. Ces conclusions, présentées dans le journal international BJOG, incitent à nouveau à
Les pères ne sont pas épargnés par la dépression, quelques études l’ont bien documenté : 10% des » jeunes » pères environ en seraient affectés, 13% selon une étude récente de l’Université McGill. Avec, en plus, une augmentation de la sévérité des symptômes durant les premières années de paternité, les plus importantes dans la vie de l’enfant. C’est la preuve d’un investissement émotionnel tout aussi considérable du père autour de la naissance de l’enfant, avec, quand il y a dépression, des symptômes qui augmentent en moyenne de 68% au cours des 5 premières années de parentalité. Cette nouvelle étude suggère que la dépression paternelle, qui se développe durant la grossesse, pourrait favoriser une naissance prématurée de l’enfant.
L’étude menée par des chercheurs de l’Institut Karolinska et de l’Université de Stockholm a analysé les données des registres de naissance en Suède, soit, au total, de 366.499 naissances uniques dont plus de 17.000 naissances prématurées. Les chercheurs ont regardé si l’un des parents avait été traité pour dépression dans les 2 années précédant la conception ou les 24 premières semaines de grossesse. Après ajustement pour les facteurs de confusion (histoire des grossesses, complications et fausses-couches, âge, taille, poids, tabagisme, diabète gestationnel et pré-éclampsie chez la mère ; âge du père et niveau socio-économique du ménage), l’analyse révèle que :
· les femmes avec nouveaux épisodes de dépression présentent un risque accru de 34% de naissance prématurée,
· les femmes avec épisodes répétés de dépression, un risque accru de 42%,
· cependant, en valeur absolue, le lien entre la dépression chez la femme et la naissance prématurée reste faible.
· En revanche, une » nouvelle » dépression chez le père est associée à un risque accru de 38% de grande prématurité mais pas de prématurité modérée. Ce n’est pas le cas d’épisodes répétés de dépression.
La dépression du père : un effet » choc » sur la mère et le bébé : Ainsi, la dépression paternelle autour de la conception et en début de grossesse pourrait avoir un effet » choc » sur la mère et le bébé et augmenter le risque d’accouchement prématuré. Les auteurs invoquent l’absence de soutien pour la mère, et le manque de soutien social pour le père, autour de la naissance. Ils suggèrent également que la dépression paternelle et ses traitements associés pourraient affecter la qualité du sperme. Bref, un nouvel appel à des interventions de soutien pour les pères, tout autant que pour les mères, autour de la grossesse.
Source:BJOG: An International Journal of Obstetrics & Gynaecology January 19 2016 DOI: 10.1111/1471-0528.13891Prenatal parental depression and preterm birth: a national cohort study
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