Il y avait dans cette salle de la Maison Européenne de la Photographie une sirène, lors de l’exposition de Joan Fontcuberta. Cette fois, c’était la recherche de l’eau, à Gaza, des photos de Massimo Berruti (prix photo AFD/Polka). Nous ne pouvons pas ne pas regarder. Ces maisons détruites, ces rues emplies de gravats, ces hommes qui examinent les conduits, tuyauteries percées, brisées, ces enfants qui courent un récipient à la main… Ni logement décent, ni eau potable, c’est ce que disent ces images en noir et blanc. C’est Gaza, c’est la Palestine.

Coïncidence, quelques jours plus tard, une rencontre était organisée au Centre social et culturel La Traverse, à Nanterre (92), avec Abdul Rahman Katanani, artiste palestinien venu de Shatila. Il prépare une installation pour l’Espace d’art La Terrasse, sur le thème de l’enfermement. Il dit qu’il y a deux sortes d’enfermement, d'occupation, celle du territoire, celle de l’individu lui-même. Il raconte comment, fils d’un menuisier et d’une brodeuse, dans le contexte d’un camp de réfugiés, ressemblant à un bidonville, il a travaillé les objets délaissés, récupérés dans des poubelles, pour réaliser ses premières oeuvres, comment des gens lui ont apporté des matériaux pour ses sculptures et comment il a associé des jeunes gens à son activité. L’art lui a permis de sortir du camp, de faire des études, lui permet de voyager, lui qui n’a pas le droit d’aller dans la ville d’où viennent ses parents, Jaffa.