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Première fois pour nous hier soir dans ce lieu atypique de la scène musicale classique parisienne. Rendez-vous entre la rue de la Pompe et le Trocadéro à la Fondation Singer-Polignac pour un récital du pianiste Guillaume Vincent, entièrement consacré à Liszt.
La Fondation quoi ? Singer-Polignac, du nom de Winnaretta Singer, princesse Edmond de Polignac, riche héritière des industries Singer et grande amatrice des arts et de la musique qui décida en 1928 de créer une fondation pour servir ses passions. Elle légua à sa mort son hôtel particulier dans lequel s’installa l’institution en 1945. Depuis la Fondation a continué sa mission initiale et sert les arts et les sciences.
Guillaume Vincent fait partie des nombreux artistes en résidence à la Fondation parmi lesquels le Quatuor Zaïde, Adien La Marca, Le Balcon, le trio Les Esprits (avec Adam Laloum)… Guillaume Vincent donc, qui fêtera cette année ses 25 ans est un jeune pianiste brillant, couvert de prix et dont la liste des collaborations est digne des plus grands. Il a enregistré pour Naïve un album consacré à Rachmaninov et s’attaque donc pour ce récital à Franz Liszt.
Au programme Mazurka, Polonaise, Ballade, Berceuse mais aussi les très célèbres Rêves d’amour. Franz Liszt, compositeur hongrois, enfant prodige, grand séducteur, beau-père de Wagner et abbé suite au refus du pape de lui accorder son divorce, est un personnage exceptionnel. En tant que compositeur il a donné au piano une dimension inédite écrivant des pièces d’une profondeur et d’une virtuosité formidables et ce dès son plus jeune âge. Nous l’apprécions particulièrement pour ses très nombreuses transcriptions de Schubert ou de Mozart.
Un décor hors du temps, un prodige et un compositeur majeur ? Compte-rendu ?
Le concert débute avec une belle nervosité toute adaptée à la Mazurka. Brillante elle ne l’est pas que dans l’appellation. Le programme défile, l’interprétation est très expressive avec une belle alternance entre douceur et énergie. Les changements d’ambiance sont très appuyés par Guillaume Vincent.
Pour les Rêves d’amour, quoi de mieux comme écrin que ce salon de musique richement décoré ? Élégant, aérien, délicat, le pianiste est très inspiré et donne à la partition une vraie fraîcheur et souligne les nuances sans trop en faire.
Dans la Première Ballade, Guillaume Vincent s’amuse, se lâche et s’engouffre dans les quelques espaces de liberté qu’il se crée. Dans la Berceuse le soliste est habité et continue de déployer l’éventail de ses talents. La Deuxième Ballade est l’occasion de développer une belle profondeur avant de conclure par la Deuxième Polonaise, qu’on pourrait croire de Chopin, très dynamique et qui permet de conclure sur une note enlevée. Un programme intelligemment construit.
Deux rappels, un long et lent aux allures de rêverie et un court et très vif qui fera dire à ma voisine dans la salle « ça c’est un final ! ». On ne peut mieux dire.
Un récital Liszt un peu hors du temps, servi par un pianiste de talent. Une très belle soirée.
La semaine dernière qu’étions-nous allés voir ?