Qu’on se le dise immédiatement, malgré l’intéressante dualité qui émane de l’histoire, le film vaut surtout pour l’impressionnante double interprétation de Tom Hardy. Épatant physiquement et verbalement, l’acteur britannique livre une performance ahurissante dans la peau des deux frères. D’un côté, Reggie, un homme élégant dont la dangerosité n’a d’égal que sa loyauté. De l’autre, Ronnie, un personnage psychologiquement instable qui sert à la fois de ressort comique et dramatique au récit. La prouesse de Tom Hardy étant de parvenir à les rendre tous les deux attachants, malgré leurs actions pour le moins discutables, mais aussi et surtout à les faire exister de façon tout à fait distincte. Le comédien s’efface en effet totalement derrière les personnages et on oublie donc très vite qu’il s’agit du même acteur. Un exploit de taille quand on sait que ce genre de procédé peut rapidement s’essouffler. Face à lui, Emily Browning ne démérite pas en jeune femme fragile mais déterminée. De part sa vulnérabilité, elle offre un beau contraste avec la puissance physique qui se dégage des deux frères. C’est loin d’être toujours le cas mais, pour le coup, je trouve vraiment la construction du duo très judicieuse.
Pour le reste, le long-métrage se révèle plutôt bien exécuté, et globalement efficace, mais pèche par un scénario sans étincelles. Même si l’ensemble est plaisant, le récit manque effectivement d’amplitude et tourne parfois un peu à vide. En particulier le dernier tiers qui n’échappe d’ailleurs pas à quelques longueurs. L’histoire, qui s’étend quand même sur 2h15, aurait certainement gagné en qualité en étant plus resserrée. Toutefois, les liens qui unissent les frangins sont tout de même suffisamment bien décrits que pour maintenir l’intérêt sur la durée. Il faut dire que les troubles psychologiques dont souffre Ronnie accablent beaucoup Reggie et mettent autant en danger son empire que sa relation amoureuse. A ce titre, la dernière réplique du film est d’ailleurs d’une redoutable efficacité dans sa manière de remettre en perspective tout ce qui précède. Enfin, au niveau visuel, la mise en scène s’avère propre et soignée mais manque peut-être un peu d’éclat pour véritablement marquer les esprits. On retiendra néanmoins l’un ou l’autre plan séquence particulièrement immersif.En conclusion, Legend est donc un film qui vaut surtout pour l’éblouissante performance de Tom Hardy. Impressionnant dans les deux rôles qu’il interprète, l’acteur britannique parvient à conférer de l’intérêt à un scénario malheureusement trop classique que pour vraiment convaincre.