Edmond Pang Ho-Cheung, l’une des rare force vive de l’industrie cinématographique hongkongaise (pour lesquels cela veut encore dire quelque chose) faisait de Love in a Puff / Chi Ming Yu Chun Kiu (2010) un petit bijou comique. L’auteur profitait de l’application d’une loi sur le tabagisme interdisant, grosso modo de fumer dans les lieux publics à HK pour raconter l’histoire de trentenaire de notre temps. Celui du début des années 2010. Il mettait alors en scène une comédie romantique loin d’être gnan-gnan et pleine d’entrain.
Dans un fumoir en plein air où se croise plusieurs employés et salariés d’entreprises différentes, Cherie (Miriam Yeung Chin-Wah) fait la connaissance de Jimmy (Shawn Yue). Autour d’une cigarette, ils apprennent à se connaitre. Des évènements vont amener un certain rapprochement…
Classé en Category 3 pour ses dialogues parfois crus – regret ici de ne pas maitriser le cantonais et capter aux mieux toutes les subtilités que les sous-titres ne retranscrivent pas, – Love in a Puff fonctionne de bout en bout. Dialogues ciselés, scènes ficelés, mise en scène soignée et un duo d’acteurs principaux au poil (comme certains seconds couteaux), ce film d’Edmond Pang qu’il co-scénarise enchante. C’est donc autour de la pause cigarette que se construit une vie sociale à part entière où les amitiés se font entre personnes issus d’horizons divers et variés. Le récit se construit à travers ces moments de détente loin du stress professionnel. Une parenthèse que l’on suit tranquillement comme ces personnages qui se découvrent. Il s’en dégage ce petit « truc » qui nous entraine et qu’on ne saurait expliquer. L’histoire est simple. Ses personnages parviennent à être touchants. Il est là ce petit « truc ». Il s’en dégage donc un attrait, un charme parfumé à la nicotine. C’est plaisant, même si pas fumeur. Love in a Puff, ce sont donc des morceaux du quotidien, ceux des contemporains d’Edmond Pang. Ce dernier a cette particularité déstabilisante, dans le brouhaha urbain de capter les choses qui l’entourent, ces vies qui fourmillent. Il retranscrit tout cela de façon intelligente et pudique. Toujours ce petit « truc » qui fait rire voire esquisser un sourire complice avec les situations qui se jouent.
Edmond Pang est un cinéaste à l’identité propre et qui parvient à chacun de ses films à insuffler une certaine originalité. Avec Love in a Puff, il fait preuve du même talent qui le caractérise et livre une comédie romantique vivifiante, même si fortement enfumée (OK pas drôle, je sors m’en griller une).
I.D.