Près d’un demi-million de nouveaux cas de cancer par an sont attribuables à un indice de masse corporelle élevé (IMC). C’est la conclusion d’une étude publiée dans le Lancet Oncology menée par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le surpoids et l’obésité sont donc reconnus comme facteurs de risque majeur, responsable de près de 4% de tous les nouveaux cas de cancer. De plus, l’hypothèse d’une relation causale, IMC- cancer, implique que l’épidémie croissante d’obésité pourrait entraîner une augmentation continue du fardeau du cancer. Ainsi, un IMC élevé est notamment déjà documenté comme un facteur de risque connu pour les cancers de l’œsophage, du côlon, du rectum, du rein, du pancréas, de la vésicule biliaire, du sein post-ménopausique, de l’ovaire, de l’endomètre.
Ici, les chercheurs de la Duke University et de Harvard ont étudié précisément le mécanisme qui d’une alimentation riche en graisses ou hydrates de carbone déclenche le développement du cancer colorectal. Il était déjà démontré que trop de viandes transformées riches en nitrates, augmente le risque de cancer de l’intestin. L’étude a cherché à comprendre, sur des souris génétiquement modifiées, pourquoi les autres régimes riches en calories augmentent également le risque.
Les résultats montrent que ce type de régime réduit au silence une hormone naturelle gastro-intestinale, la guanyline. Ce processus réduit l’expression d’un récepteur (appelé guanylyl cyclase C ou GUCY2C) présent sur les cellules qui tapissent l’intestin. Or la désactivation de ce récepteur, dont la fonction est d’empêcher la croissance cellulaire anormale, est associée à la croissance tumorale.
Augmenter la production de guanyline inverse les effets du régime hypercalorique et empêche la croissance de la tumeur : A l‘aide d’un médicament bien connu, le tamoxifène, dont un des effets est l’activation de la guanyline, les chercheurs montrent chez des souris nourries avec un régime riche en graisses et chez qui les tumeurs ont été » encouragées » par de l’azoxyméthane, que l’augmentation de la production de guanyline parvient à inverser les effets du régime hypercalorique et empêche le développement des tumeurs.
Mais aura-t-on bien les mêmes effets chez les humains obèses à risque élevé de développer un cancer de l’intestin ? Cependant, l’étude identifie une voie prometteuse, celle de l’activation du récepteur GUCY2C qui annule la perte de guanyline. Ensuite, il existe déjà un médicament, le linaclotide, utilisé dans le traitement du syndrome du côlon irritable …connu pour augmenter le taux de guanyline.
Source: Cancer Research January 15 2016 doi: 10.1158/0008-5472.CAN-15-1467-T Obesity-Induced Colorectal Cancer Is Driven by Caloric Silencing of the Guanylin – GUCY2C Paracrine Signaling Axis
Obésité de l’enfant (1/6)
Troubles du comportement alimentaire
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