Leila et le drame burkinabe

Publié le 20 janvier 2016 par Fabianus

Il restera ton cœur à travers ces portraits

Ces migrants de la Terre qui captaient ton regard

Il flottera ton âme aux lueurs des clichés

De ces visages pris dans l'écrin de ton art

Citoyenne du Monde, lumineuse présence

Sur la planète blanche des photos humanistes

Tu cueillais les focus dans la luminescence

De ces êtres nomades en éclats intimistes.

De l'aura d'un guerrab (1) au combat d'un migrant

Par le désert sableux ou les vagues ondulantes

Tu aimas te plonger dans le grand mouvement

Des cœurs déracinés sous des vies chancelantes

Il restera de toi, de ton être magique

De l'astre souriant qui sublimait tes yeux

Les portraits du bonheur au-delà du tragique

L'inépuisable espoir d'un monde plus heureux.

Ouagadougou serein t'invitait en terrasse

L'existence peignait dans la chaleur du lieu

Les gestes indolents et des langueurs d'espace

Pays de l'homme intègre semblait béni des Dieux.

Pourtant ils ont brisé sous la mitraille ignoble

La fraîcheur de tes jours, le parfum de tes mots

Exhalés d'un jardin, efflorescence noble

Qui bordait la rivière de sensibles photos.

Ouagadougou saignant, plongé dans l'épouvante

Pour occidentalisme par des fous condamnée !

Tu n'étais pourtant là que pour laisser vivante

Les cultures métissées en tes instantanés !

Tu te battais pour elles, ses jolies créatures

Qui marient les humeurs et les identités

Surmontant les aigreurs et le sang des ratures

Croisant mille destins qui se croyaient brisés

Ils t'ont ôté la vie, mais ton œuvre respire

Comme une enfance nue qu'attend la destinée

Comme une symphonie sous l'azur qui s'étire

En mille ébats d'oiseaux épris de liberté.

Il restera ton cœur à travers ces portraits

Ces migrants de la Terre, condamnés au départ

Il flottera ton âme sur les langueurs bleutées

De la mer des errances qui noyait ton regard

(1) porteur d'eau marocain

Les Marocains
Leila avait sillonné le Maroc, avec son studio mobile, figeant dans la surface d'illustrations des portraits de Marocains, révélant l'essence d'un Maroc, brut, vrai, sans artifice ni orientalisme. Inspirée, nous dit-elle, par la série de Robert Franck " The Americans ".


Avec " Crossings ", Leila transmet l'expérience et les sensations des migrants sub-sahariens qui quittent leurs pays. En extraits vidéos, diffusés simultanément sur trois écrans, elle veut " recréer tout le parcours des migrants à partir du moment où ils quittent leur pays jusqu'à ce qu'ils arrivent au Maroc. "