[Critique] UP & DOWN
Titre original : A Long Way Down
Note:
Origines : Grande-Bretagne/Allemagne
Réalisateur : Pascal Chaumeil
Distribution : Imogen Poots, Aaron Paul, Pierce Brosnan, Toni Collette, Sam Neill, Rosamund Pike…
Genre : Drame/Comédie/Adaptation
Date de sortie : 18 janvier 2016 (DTV)
Le Pitch :
Le soir du Nouvel An, à Londres, quatre personnages que tout oppose, se retrouvent par hasard sur le toit d’un immeuble, alors que chacun comptait en finir une bonne fois pour toutes. Déprimés et accablés, ils voient néanmoins leur détresse les unir et décident de passer un pacte : remonter la pente et redonner un sens à leur vie d’ici la Saint-Valentin…
La Critique :
Publié en 2005 par Nick Hornby, l’écrivain anglais responsable des romans Haute Fidélité, Carton Jaune, ou encore À Propos d’un gamin, tous adaptés au cinéma, Vous descendez ? n’a pas dérogé à la règle. Acheté dans le but de devenir un film, le livre ne connut néanmoins pas une adaptation facile. Sorti en juin 2004 aux États-Unis, il resta un an et demi dans les cartons du distributeur français, qui se décida enfin à l’exploiter, directement en vidéo, début 2016. Même le décès du réalisateur (français) en charge du projet, en août 2015, ne suffit pas à accélérer la sortie du long-métrage dans les salles ou ailleurs. Et peu importe que Chaumeil cartonna en 2010 avec L’Arnacoeur. Peu importe aussi qu’on cause ici d’un film au casting en somme toute spectaculaire, avec en tête de gondole un ancien James Bond (Pierce Brosnan), une actrice qui n’en finit plus de monter (Imogen Poots), la star d’une des meilleures séries TV de l’Histoire (Aaron Paul de Breaking Bad), l’une des têtes d’affiche de Gone Girl, de David Fincher (Rosamund Pike)… Sans même parler de l’excellente Toni Collette ou de Sam Neill, de Jurassic Park. Voué dès le départ à devenir un échec commercial, A Long Way Down, qui devient chez nous Up & Down, s’est effectivement bien ramassé.
On parle pourtant d’une œuvre empreinte d’espoir. Du genre de long-métrage qui peut galvaniser, grâce à son message qui évite bien de sonner trop « plombant », tout en dispensant une morale certes bien pensante, mais relativement bien digérée. Certes, Up & Down n’est pas le genre de feel good movie destiné à devenir un classique du genre, mais ce n’est pas non plus un vulgaire navet tout juste bon à prendre la poussière dans les bacs DVD des hypermarchés, attendant désespérément les soldes pour que quelqu’un se décide à le glisser dans son lecteur.
Porté par un casting des plus costauds, le film peut en effet compter sur le flegme tranquille d’un Pierce Brosnan excellent en vieux beau atteint de dépression, sur le toujours impeccable Aaron Paul, ici bien plus à son aise que dans le gênant Need For Speed, ou encore sur la malicieuse Imogen Poots, pour ne citer qu’eux. Garants d’une histoire douce amère, qui entend traduire à l’écran le marasme ambiant d’une société impitoyable, en prenant notamment appui sur le fameux blues du Nouvel An, Up & Down porte la marque de l’écrivain Nick Hornby. Pourquoi n’a-t-il pas déclenché le même engouement que Pour un garçon par exemple, ou High Fidelity ? Peut-être car, contrairement au roman, l’histoire se perd ici un peu en chemin, avant de retrouver la bonne direction. Le scénario, loin d’être totalement à jeter, se contente un peu trop de tabler sur ses acteurs, sans chercher à prendre un quelconque risque. La rythmique également, n’est pas franchement exemplaire. Les moments de flottement sont un peu trop nombreux et l’humour ne parvient pas toujours à faire bon ménage avec les accents plus dramatiques du récit. En gros, ce qui fonctionnait à fond les ballons dans le roman, peine ici parfois à convaincre.
Cela dit, pas de quoi crier au scandale. Plutôt modeste dans son exécution, mis en scène avec application, mais sans réel génie, Up & Down alterne justement les hauts et les bas. Si au final, il franchit la ligne d’arrivée avec un certain panache et arrive à faire oublier la majorité de ses plus gros défauts, c’est bien entendu grâce à ses acteurs. Ce sont eux qui volent à la rescousse quand l’histoire s’enlise et ce sont encore eux qui maintiennent l’intérêt du spectateur par la seule force de leur présence. Et tant pis si les trames relatives à chacun ne sont pas toutes vraiment stimulantes…
Premier film (et malheureusement dernier aussi) de Pascal Chaumeil, réalisé en dehors des limites de l’Hexagone, A Long Way Down fait office de comédie dramatique gentiment anecdotique, dont l’absence de cynisme et la volonté d’orchestrer une histoire chorale de rédemption, restent appréciables, en autres petits détails amusants et/ou pertinents. Avant tout conseillé aux fans de Nick Hornby, qui ont déjà lu le livre…
@ Gilles Rolland