Comme j'en ai parlé il y a presque une semaine en présentant le film lors d'un billet concours, François Delisle est un cinéaste québécois qui défend le cinéma indépendant et personnel. Son sixième film “Chorus” a obtienu un succès critique et un immense succès public au Québec et il est ainsi le premier à sortir en France, demain , mercredi. 20 janvier.
Après avoir été sélectionné en compétition officielle pour le festival de Sundance, Chorus qui sort en salles le 20 février prochain, a été présenté à la Berlinale.
Irène et Christophe se sont séparés, suite à la disparition de leur fils il y a dix ans. La découverte du corps de leur fils va les amener à se retrouver et tenter de crever l'abcès. Sur un sujet très dur et très noir- le film commence par la confession du pédophile en prison-, le réalisateur nous montre comment un couple peut tenter de faire leur impossible travail de deuil et tenter de trouver le chemin de la résilience : comment des parents peuvent-ils se remettre de la disparition de leur enfant et arriver à faire leur deuil une fois que le mystère de la disparition a été résolu ?
Tourné intégralement en noir et blanc, le film n'échappe pas dans sa première partie à un côté un peu poseur, un peu théâtral, enchainant les scènes avec peu de dialogues et un point de vue très esthétique, un peu esthétisant, un peu surligné. Et l'on se dit que sur le même sujet d'un couple confronté à la mort de son enfant, Alabama Monroe, plus lyrique et moins épuré possédait une charge émotionnelle autre.
Mais à mi chemin, Chorus dépasse le simple objet un peu "arty" et gagne en force et émotion, avec des dialogues justes qui osent aborder frontalement ce terrible sujet, et une belle utilisation du chant polyphonique- le fameux choeur dont fait partie Irène qui donne une vraie émotion aux images.
Et surtout ce drame est magnifié par l'impressionnante présence de Fanny Mallette et Sébastien Ricard, deux acteurs tout en subtilité, qui rendent parfaitement compte des tourments intérieurs qui les traversent et de la complexité des sentiments qu'ils peuvent ressentir à l’intérieur de l’ancien couple profondément meurtri.
Fimant ces instants parfois terribles avec une belle retenue, la caméra de Delisle parvient à éviter au film de verser dans le mélodrame larmoyant et épargne au spectateur le film d'auteur un peu trop froid et austère que sa première partie pouvait laisser craindre.
En peignant avec une certaine délicatesse comment Irène et Christophe parviendront à se confronter à la réalité de la tragédie qu'ils vivent et réussir à porter ensemble la douleur d’un deuil qu’ils ont vécu seuls pendant dix ans, le cinéaste québébois insuffle dans ce "Chorus" potentiellement mortifère de la vie, un peu de poésie et même de l'espoir dans une histoire terriblement noire et tragique.