Par Mathilde Siraud
Publié le 19/01/2016
LeFigaro.fr/Siraud, Mathilde - Des travailleurs libanais au large de la Méditerranée, en 2006. /© MARWAN NAAMANI/AFP
Le directeur général de l'ONG WWF en France alerte sur le «burn-out» qui guette la mer Méditerranée, sollicitée par l'explosion simultanée des activités touristiques, de la pêche, de l'exploitation de gaz et d'hydrocarbures.
Le Fonds mondial pour la nature (World Wide Fund, WWF)publie ce mardi un rapport intitulé «MediaTrends» qui met en évidence l'état désastreux dans lequel se trouve la mer Méditerranée, qui abrite entre 4% et 18% des espèces marines connues.LE FIGARO. Pourquoi peut-on dire que la mer Méditerranée est menacée aujourd'hui?
PASCAL CANFIN. Cette mer est menacée par la multiplication des activités qui la pompent, alors que c'est une ressource limitée. Quand on prolonge les courbes de développement économique d'utilisation des services rendus par la Méditerranée, on s'aperçoit qu'il est insoutenable d'avoir, en 2030, à la fois 200 millions de touristes en plus, 5000 kilomètres de littoraux artificialisés en plus, 40% de la totalité de sa superficie qui passe sous permis d'exploration d'hydrocarbures, de gaz et de pétrole. Aujourd'hui, 90% des stocks de poissons sont surexploités dans la Méditerranée, qui est la première destination touristique au monde, contre 26% dans le monde. On dépasse totalement les limites, on passe alors dans une phase de burn-out.Comment définir ce «burn-out» de la mer Méditérannée?L'écosystème méditérannéen risque d'imploser. Si on prolonge les courbes, l'écosystème ne pourra plus assumer la totalité des chocs qu'on lui envoie, que ce soit en prélèvement de poissons, en trafic maritime, en artificialisation avec toutes les conséquences que cela comporte, avec la pollution des eaux.Comment cela se traduit-il concrètement?Cela signifie que l'on peut dire «adieu» au bon état écologique de l'eau, aux objectifs que l'on s'est fixés. Quand on additionne une surexploitation pendant des années, on a une baisse progressive de la ressource, donc une baisse progressive de la pêche également. La biodiversité mais aussi les activités économiques sont touchées.
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