Ce petit ouvrage, dont la conception est très réussie, vous fera parcourir l’univers de la course d’endurance en des termes bien choisies. Sourire, jeux de mots à chaque page, le livre se lit en un tour de main, puisqu’on dévore le dictionnaire tout en une fois tellement on se prend au jeu. Si vous ne connaissez pas du tout l’univers de la course, ce sera une petite découverte drôle, et si vous êtes vous-même coureur, je ne doute pas que vous vous reconnaîtrez dans ces quelques pages. Mais ce qui a joué le plus dans mon appréciation de ce livre, c’est le ton sans cesse décalé et les jeux de mots perpétuels. Tout vaut le coup d’être lu que ce soit la prononciation du mot, ses synonymes, sa définition et son exemple d’illustration. Une citation vaut mieux que mille mots :
Résistance [raie-zisse-tensse] n.c.f.
Si en course à pied l’endurance permet de durer, la résistance permet de sister (rien à voir avec sa propre sœur), vieux verbe moyenâgeux qui signifie peu ou prou « crever la gueule ouverte à la recherche d’oxygène ».
Syn. : souffrance, tragique occupation, sabotage.
Ex. : Eric avait programmé une petite séance pépère d’endurance sur son parcours secret, dans cette sombre forêt où, pour son plus grand bonheur, il ne croisait jamais personne. Il trottinait joyeusement quand, à sa grande stupeur, il se fit doubler par un bel éphèbe blond qui n’amusait pas la galerie et fonçait vers on ne sait quelle destinée. Si Eric avait prévu de faire quatre tours, son sang n’en fit qu’un. L’heure était à la rébellion. On ne pouvait pas tout laisser faire. Il décida illico presto d’entrer en résistance et de faire la peau à cette espèce de nazi qui avait envahi son territoire à toute allure.
Bon, il est vrai que parfois l’humour est un peu lourd et bancal mais de façon général, je me suis beaucoup amusé à lire chaque définition et ce dictionnaire loufoque m’a refait penser à l’esprit de la course : à la fois compétition, douleur qu’on aime parce qu’elle nous fait du bien, et défi qu’on se lance à soi-même. Idéal pour se remettre en jambe ou pour se motiver la veille d’un marathon, car même les difficultés de ce sport sont traitées ici avec humour, et ça fait du bien. Une lecture légère et rapide que je vous conseille !
Gérard Ejnès, « Chéri(e), je pars faire une course », aux éditions Prolongations, 12€.