Alors mettons qu’il y ait deux questions.
L’une serait : Quoi faire un 30 janvier ? Et l’autre, c’est quoi Mains d’Œuvres ?
Commençons par la deuxième, au hasard. Et, disons qu’il y a la main et il y a l’œuvre. Et puis, il y a le mouvement qui conduirait de l’un à l’autre. Non pas œuvre au sens immodeste du terme, avec le grand O de circonstance. Non, plutôt œuvre au sens premier de simple « faire ». Ce que c’est que ce lieu où les gens font, au nord de Paris, et ce qu’ils y font, comment ils le font, et comment ils y arrivent, c’est de la jongle quotidienne, et il faudrait y organiser des résidences dévolues uniquement à l’observation des flux continus/discontinus qui l’irriguent et le nourrissent au jour le jour. Pour moi, à qui on y a consenti un accueil, pour ne pas dire un asile, avec tout ce que cela implique d’ouvertures et de possibles, pour un artiste, qu’on lui consente un espace, une chambre à soi, un atelier, pour l’appeler par son nom, je pense que ce qui définirait le mieux Mains d’œuvres serait d’énumérer les choses singulières, étranges, oniriques, très concrètes, absolument stimulantes que la fréquentation de ce lieu aura produit comme moments. Et c’est dans cette énumération, qu’on trouverait l’essence du lieu. Mais il faudrait alors que chacun le fasse pour soi, d’énumérer ces moments. Et on saurait alors ce que c’est que Mains d’Œuvres : un lieu qui est aussi une suite de moments.
Et alors, quoi faire un 30 janvier ? Et bien, j’y viens. J’y viens au propre, comme au figuré. Je veux dire qu’en ce qui me concerne, je viens à Mains d’Œuvres, 1, rue Charles Garnier à Saint-Ouen le 30 janvier pour Pétrus pique-niquer. Et pourquoi ?
C’est très simple : pour vivre un de ces moments, de ceux qui participent de la structure immatérielle d’un lieu. Un lieu qui est aussi une utopie. Parce que j’ai envie de rêver que ce lieu est toujours possible. Parce qu’il y aura ces gens, qui comptent, que j’ai envie de voir, parce qu’il y aura de l’art, des arts, des rires, et des idées. Comme tous les jours. Parce qu’on pourra le respirer, le manger, le parler, le penser, le machiner, et en ressortir ivre. Parce que j’ai envie d’y être, encore une fois, autant que faire se peut. Parce que c’est encore possible. Et pour plein d’autres raisons qu’on pourrait évoquer ensemble ce jour-là.
Alors, 30 janvier, vivement. Mains d’Œuvres, youpi.
Dominique Gilliot, artiste