En me baladant dans les rayonnages de la Fnac, j’ai été intriguée par ce roman, coup de cœur des libraires. Je lis rarement de fictions mais ce livre ayant reçu le Grand Prix de l’imaginaire 2014, une forte envie de le découvrir m’a fait repartir avec.
Une petite perle, complètement tirée par les cheveux mais on se laisse s’y prendre et la magie opère.
Quatrième de couverture:
» Empreint de réalisme magique et d’un souffle inspiré des sagas islandaises, l’homme qui savait la langue des serpents révèle l’humour et l’imagination délirante d’Andrus Kivirähk.
Le roman, qui connaît un immense succès depuis sa parution en 2007 en Estonie, retrace dans une époque médiévale réinventée la vie d’un homme qui, habitant dans la forêt, voit le monde de ses ancêtres disparaître et la modernité l’emporter. »
Mon avis:
Un petit bout de magie, cela fait du bien! En pleine Estonie médiévale, Leemet vit dans la forêt en compagnie de sa sœur et de sa mère, ses amis humains et serpents. Car Leemet fait partie des derniers humains à avoir appris la langue des serpents, une langue perdue petit à petit, les humains quittant progressivement la forêt pour aller vivre au village rejoindre la modernité et la vie des champs.
Préférant continuer à vivre au milieu des siens, Leemet observe, impuissant, les derniers habitants de la forêt s’empreindre de la vie villageoise et ainsi renoncer à leurs coutumes.
En soi, l’histoire n’est pas très gaie. Leemet va vivre des drames et des mésaventures, conséquences directes ou indirectes de l’invasion de l’Estonie par les chevaliers allemands. Voulant plus que tout au monde conserver ses traditions, Leemet va se battre pour défendre ses convictions mais aussi s’affirmer dans un monde devenu hostile.
Entre ses amitiés avec les humains, celles avec les serpents et son avenir qui se dessine sous des jours sombres, notre narrateur grandit et se forge un caractère que lui-même pensait insoupçonné. Malgré ses tentations envers le monde du village, Leemet est un fervent croyant des traditions de la forêt.
Un roman d’aventures dans lequel se mêlent amour et haine, traditions et trahisons, fiction et réalité. Des rebondissements à n’en plus finir, une imagination de l’auteur débordante et abracadabrante.
J’ai adoré ce roman malgré son côté sombre. J’ai tout d’abord été étonnée par l’imagination de l’écrivain. Puis cette magie et cette fiction sont devenue ma réalité pour quelques heures de lectures. Parler à un serpent était devenu normal, les femmes aimant les ours aussi, les Sages et les rumeurs de la forêt m’ont emportés dans leur monde.
Je comprends maintenant pourquoi ce roman a reçu le Grand Prix de l’imaginaire et c’est un roman que je vous conseille, si la fiction vous tente.
Bonne lecture!!
Petit extrait:
» Il est bien rare qu’en chemin je rencontre quelqu’un avec qui échanger quelques mots. La plupart du temps il n’y a pas âme qui vive, une ou deux fois je suis tombé sur un chevreuil ou sur un sanglier; mais ils se sont faits froussards, ils me craignent rien qu’à l’odeur. Quand je siffle, ils se figent sur place, ils me fixent d’un air borné, les yeux ronds, sans s’approcher. En voilà un prodige: un homme qui sait la langue des serpents! Cela les effraye encore plus: ils sauteraient volontiers tête première dans les fourrés, ils prendraient leurs pattes à leur cou pour mettre toute la distance possible entre eux et cette monstruosité- mais pas moyen: les mots, les mots des serpents, les en empêchent. Je siffle encore, plus fort; sévèrement, je leur ordonne de venir auprès de moi. Ils brament désespérément, ils se traînent vers moi à contrecœur. »
Publié en Avril 2015 chez Le Tripode collection Météores, traduit de l’estonien par Jean-Pierre Minaudier.
470 pages.