C'est une cahute avec des barbelés, aussi incongrue dans une ville suisse qu'un magasin de
luxe dans une favela. À Bâle, ce cagibi hautement sécurisé est l'un des signes extérieurs de la fête footballistique en cours chez nos voisins helvètes et autrichiens. Une prison pour
supporters vindicatifs et éméchés. Le fameux trou de Bâle, que par la grâce de cet Euro nous avons pu voir un peu partout à la télé en prime time, sans être obligés d'attendre que les
enfants soient couchés…
Rien de glamour là-dedans, je vous le concède. Mais au-delà du jeu de mot, un peu facile, que nous permet ce réduit sécuritaire,
s'ouvre un abîme pour les amateurs de parties de ballon primesautières. Ne serait-ce pas en effet dans ce même trou que serait tombé le jeu de l'équipe de France ? Si vous avez vu un peu - c'est
déjà trop - de la grotesque partie disputée lundi entre nos Bleus et les bétonneurs des Carpates, vous savez de quoi je parle. D'accord, les Roumains n'étaient pas venus sur les verts alpages
pour ouvrir le jeu, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais tout de même…
Le jeu des "Domenech boys" était aussi plat que l'encéphalogramme de la créature de Frankenstein. L'imagination et l'envie comme
aspirées par un trou noir. Trop vieux ? Trop fatigués ? Trop craintifs ? Un peu de tout monsieur le coach. Une équipe à l'image pourtant de celle finaliste de la dernière coupe du monde, d'un
championnat d'Europe 2004 mi-figue mi-raisin et de la bérésina coréenne deux ans plus tôt. À la différence notable que son génie chatouilleux du front, Zizou crâne de fer, n'est plus là pour
sauver les meubles. Evidemment et malgré la paranoïa sécuritaire du caporal Raymond qui voit un journaliste derrière chaque trou de serrure - des trous, toujours des trous…-, cela finit par se
voir.
Sauf à faire jouer les matches des Bleus à huis clos et d'en interdire les retransmissions télévisées, le manque de panache et d'audace dans le
jeu de ce groupe ne peut que se remarquer. Surtout comparé à l'insouciante jeunesse hollandaise ou aux fulgurances portugaises. Mais peut-être qu'à l'arrivée nos Français
neurasthéniques tireront-ils leur épingle du jeu et se hisseront-ils jusqu'en finale ? Je n'en changerai pas d'avis pour autant. Que voulez-vous, je suis romantique. Je préférerai toujours les
perdants magnifiques aux épiciers du ballon, quelle que soit la taille de leur fond de commerce ou de leur compte en banque…