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2084

Publié le 17 janvier 2016 par Lorraine De Chezlo
2084La fin du monde
de Boualem Sansal
Roman - 280 pages
Editions Gallimard - août 2015
Grand Prix du Roman de l'Académie Française - 2015
L'Abistan est un empire totalitaire où règne une foi universelle envers Abi son prophète. Ati revient du sanatorium éloigné, après deux ans pour guérison de la tuberculose, et rentre chez lui à Qodsabad, la capitale du royaume. Mais il ne voit plus le monde avec ses yeux d'avant. Il souhaite connaître ce qui peut exister par delà les frontières de l'Abistan, des foules déviantes contenues par delà une forteresse ? Un monde banni ? Il veut s'introduire dans les villages où vivent les renégats, et enquêter sur la récente découverte d'un village non abistanais.

Un Dieu Yölah, un prophète Abi, un pays Abistan, un langage l'abilang, un texte sacré le Gkabul, une image satanique Balis, des lieux de culte nommés Mockbas, un voile intégral le Burniqab,... bref, une parodie satirique et dramatique d'un Etat construit sur des bases islamistes et un régime totalitaire. Surveillés, noyés dans une bureaucratie administrative abyssale, obligés au bonheur de l'ignorance, pratiquant des rues d'où les femmes sont absentes, des sujets vivent dans l'aveuglement, persuadés de l'existence unique de leur monde, un monde sans passé et sans dépassement.  Extrait :"Tout était visible de chez prévisible mais ceux qui disaient ‘'Jamais ça'' et ceux qui répétaient ‘'Plus jamais ça'' n'étaient pas entendus. Comme en 14, comme en 39, comme en 2014, 2022 et 2050, c'était reparti. Cette fois, en 2084, c'était la bonne. L'ancien monde avait cessé d'exister et le nouveau, l'Abistan, ouvrait son règne éternel sur la planète." Fable cynique, critique de l'obscurantisme, pamphlet d'avertissement. La thèse est visible, la trame du roman l'est moins tant on se perd dans les méandres des pérégrinations d'Ati, de ses rencontres. Avec des personnages désincarnés, il est difficile de rentrer pleinement dans le récit, et on reste observateur de l'extérieur. Et malheureusement, au fil du récit, même si les passages décrivant un monde à craindre m'ont interpellée, je suis restée un peu sur le bord de la route lorsque passaient les manipulations, manœuvres et autres revirements de situations.
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