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Sandrine Collette : Il reste la poussière

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Il reste la poussière de Sandrine Collette   3,75/5 (15-01-2016)

Il reste la poussière (302 pages) sort le 25 janvier 2016 dans la collection Sueurs Froides des Editions Denoël.

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L’histoire (éditeur) :

Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux.
Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien.
Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille?


Mon avis :

Sandrine collette montre avec ce nouveau roman la palette de ses talents. Impossible de s’habituer à quoi que ce soit avec elle (si ce n’est ce fort côté sombre dominant chacune de ses intrigues) puisque après le huis clos terrifiant des Nœuds d’acier, Un vent de cendres oppressant en pleine période de vendanges, Six fourmis blanches glaçant sur les sommets de l’Albanie, elle nous entraîne ici en Patagonie, dans un petit village reculé, situé entre la steppe et la Cordillère des Andes, là où vivent 4 garçons et leur mère, propriétaire d’une estancia ne valant pas grand choses et où ils élèvent moutons et bovins leur permettant tout juste de survivre.

Rafael, le petit dernier, celui dont personne ne voulait, a  toujours été malmené par ses aînés. Mauro et Joaquim, les jumeaux plus âgés de 6 ans, en ont  fait leur souffre douleur, sous l’œil de cette mère qui préfère ignorer ces parties de chasse à dos de cheval dont il est la victime. Malgré tout, il a peu à peu trouvé sa place dans ce cadre sans bonheur (il ne connait d’ailleurs même pas la signification de ce mot) essayant entre deux tâches d’être le plus invisible possible.

Tous les 4, élevés à la dure, par une femme sans cœur et dénuée d’instinct maternel (parce  qu’il n’a pas la place pour ça), gardant au fond d’eux un secret, un rêve, une rancœur ou une blessure, ont grandi sans rien connaître d’autre et ont finalement fait leur trou dans ce paysage austère, aride et froid comme leur cœur. Mais, un jour, sur un coup aux cartes tout change. La famille éclate et, à partir de ce moment, les événements vont doucement s’enchaîner jusqu’à la chute…

Sandrine Collette écrit remarquablement bien. Sa manière d’ajuster son écriture et son ton à chaque nouveau roman, pourtant si différent, m’impressionne énormément.  La force de ses mots grandit avec ses écrits et est chaque fois toujours plus  éloquente quelque soit l’histoire qu’elle raconte.  Elle décrit ici avec talent les relations familiales et fraternelles, dessinant un fonctionnement à l’image de la nature : sec, rude et brutal.

Et puis à travers une phrase lâchée de temps en temps, elle annonce quelque chose d’inquiétant. Et l’idée d’un drame finit par se dessiner dans notre esprit. Oui, mais voilà, ces promesses nous laissent envisager quelques de percutant et, habitués à cela dans ses précédentes publications, on en attend beaucoup. Mais finalement rien de si saisissant ne se passe vraiment. Les événements s’enchaînent assez platement, entraînant de manière irrémédiable cette famille vers une tragédie.

Cependant, même si l’histoire n’a pas été celle que j’attendais, j’ai pris beaucoup de plaisir avec le style et l’atmosphère, très bien rendue. Pourtant dans un tout autre domaine, j’y ai retrouvé  des aspects  du très bon Sukkwan Island qui m’on beaucoup plu. Et même si beaucoup de choses séparent ces histoires j’ai trouvé que les points forts du roman de David Vann étaient également les atouts de ce livre : les rapports familiaux, le caractère intimiste, l’ambiance lourde et oppressante, les événements tragiques que l’on sent poindre et le jeune héros pour qui on se prend d’affection.

Il reste la poussière est un roman noir que j’ai avant tout aimé pour sa forme car Sandrine Collette réussit comme toujours à installer une ambiance forte et étouffante. Et même si son intrigue m’a beaucoup moins plu, je ressors tout même très emballée par ce nouveau texte.


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