Chaque femme porte 2 chromosomes X dans presque chacune de ses cellules, mais voilà, l’un des 2 X ne sert à (presque) rien. Celui-là est comme » réduit au silence « , et conserve la plupart de son ADN enfermé, non lu et donc non fonctionnel ou productif. Ces travaux de l’Université du Michigan commencent à décrypter comment une protéine, particulière, muselle le second X ou lui permet de s’exprimer. Leurs conclusions, présentées dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, pourraient contribuer à développer de nouvelles thérapies contre les maladies génétiques liées à l’X.
Car le chromosome sexuel X contient plusieurs gènes importants pour la croissance et pour le développement et peut être à l’origine de différentes maladies génétiques, » les maladies liées à l’X « . Comme les femmes ont 2 chromosomes X, une mutation sur l’un des chromosomes, peut-être » compensée » via l’autre chromosome X. Ici, les chercheurs en génétique montrent qu’une protéine appelée » ARN Xist » peut ainsi faire taire le chromosome X.
Cette même équipe de l’Université du Michigan avait déjà montré récemment comment un fragment de matériel génétique fabriqué à partir de la lecture de Xist, un ARN antisens, conduit à la production d’ARN Xist. Le gène Xist se trouve sur chaque chromosome X. Il ne dit pas aux cellules de produire une protéine, comme la plupart des gènes mais produit l’ARN Xist qui semble » coacher » l’ensemble du chromosome X.
Xist a des complices : Alors que jusque-là, Xist était suspecté d’être à la fois nécessaire et suffisant pour contraindre X au silence, le Pr Sundeep Kalantry, auteur principal de l’étude et son équipe montrent aujourd’hui qu’il doit y avoir d’autres facteurs, sur le chromosome X lui-même, qui activent Xist et coopèrent avec l’ARN Xist pour contraindre au silence le chromosome X.
Endormir un des 2 chromosomes : ici, l’équipe parvient à faire taire le seul chromosome X dans des cellules souches de souris mâles en » éteignant » Xist.
Réveiller le gène qui dort : Ces facteurs étant identifiés, il devient théoriquement possible de modifier leurs niveaux dans les cellules et de » remettre en marche » la copie éteinte mais saine d’un gène présent sur le chromosome X inactif. Une découverte intéressante étant donné l’éventail large de maladies rares et moins rares, comme l’autisme, l’hémophilie et la dystrophie musculaire liées à des problèmes sur des gènes présents sur le chromosome X. Chez les femmes, nous pourrions envisager de réveiller une copie saine d’un gène lié à l’X sur le chromosome X inactif, par modulation de la dose de ces gènes dits » évadés » et atténuer ainsi les effets de la copie malsaine, explique le Pr Sundeep Kalantry. Une approche possible uniquement chez les femmes souffrant de maladies liées à l’X, parce qu’elles portent ce second chromosome.
Source: PNAS Nov, 2015 doi: 10.1073/pnas.1515971113 Sex-specific silencing of X-linked genes by Xist RNA(Visuel@Kalantry lab, University of Michigan Medical School)