After Hours est une nouvelle comédie diffusée depuis le début novembre sur les ondes de Sky 1 en Angleterre. On nous transporte à Manchester alors que Willow (James Tarpey), 18 ans, vient tout juste de se faire larguer par sa petite amie Jasmine (Georgina Campbell). Déprimé, il pourra cependant compter sur le soutient de ses nouveaux amis Lauren (Jaime Winstone) et Ollie (Rob Kendrick) qui coaniment une émission de radio portant le même titre que la série. Avec Chewing Gum, on assiste à l’éveil sexuel de Tracey (Michaela Coel), issue d’une famille très chrétienne, qui ne sait plus quoi faire pour attirer l’attention de son petit ami Ronald (John MacMillan), lequel désire demeurer vierge jusqu’au mariage. Considérant qu’elle a perdu assez de temps, la jeune femme pourrait bien aller voir ailleurs. Ces deux comédies de chacune six épisodes s’intéressent à la jeune génération, mais nous en offrent un portrait aux antipodes. Et qu’on y aille dans le très cru pour l’une et dans le très pudique pour l’autre, les deux formules fonctionnent à merveille et on en redemande.
After Hours : l’autre côté de l’adolescence
Plutôt solitaire, Willow adore par-dessus tout l’émission de radio intitulée : « After Hours » et comme le hasard fait bien les choses, il fait la rencontre de Lauren, la coanimatrice de l’émission qui travaille de jour dans un petit café la journée où Jasmine lui annonce qu’elle le laisse. Afin de le réconforter, elle le présente à son ami Ollie et ils lui proposent de collaborer à leur émission. Au cours des premiers épisodes, ils seront à même de constater l’ampleur qu’a celle-ci sur leur public que la très belle musique, rétro et diversifiée (The Smiths, Tom Waits, The Pixies, etc.) rassemble.
La première chose qui nous surprend lorsqu’on regarde After Hours est le portrait presque angélique de cette jeune génération. Mis à part quelques bières entre amis au pub local, il n’est pas question dans la série d’intimidation, de méchanceté ou de personnages trop campés (la blonde, le geek, le sportif, etc.). On s’intéresse plutôt aux aspirations de cette tranche d’âge qui cherche à réaliser ses rêves. Issus de la génération du numérique, ils sont tous un peu seuls avec leurs gadgets électroniques, mais dans ce cas-ci, on cherche à rejoindre les autres via une station de radio underground et les résultats sont touchants. Par exemple, dans le second épisode, la maison du meilleur ami de Willow, Chris (Fergus van Gelder) a été cambriolée. C’est que les voleurs se sont même emparés de ses trophées d’échec, ce qu’Ollie et Lauren dénoncent en ondes. Le lendemain, ces prix sont déposés devant le bateau où ils enregistrent leurs émissions. Dans l’épisode suivant, les parents de Willow mettent en doute la popularité de l’émission que coanime leur fils, si bien que la bande demande aux auditeurs de porter quelque chose de rouge au prochain spectacle de talents organisé par la ville. Quel n’est pas leur étonnement de constater que presque toute la salle a arboré ladite couleur! À cet âge, entretenir ses réseaux sociaux ou écrire un blogue est monnaie courante et il est très valorisant de constater qu’ils ont un impact réel auprès de leur communauté.
Chewing Gum : encore possible de rattraper le temps perdu
La vie de Tracey fait du sur-place, c’est le moins que l’on puisse dire. Elle éprouve un vif désir envers un petit ami qui refuse de la toucher (il a un penchant pour les iconographies du Christ assez suggestives) alors que sa mère Joy (Shola Adewusi) et sa jeune sœur Cynthia (Susie Wokoma), bigotes à l’extrême, la maintiennent dans l’innocence la plus totale. Encouragée par son amie très dévergondée Candice (Danielle Walters), la protagoniste cherche à entrer dans le « vrai monde », mais son innocence déconcerte puisqu’elle ne connaît rien à la vie et que dès qu’elle éprouve du désir, elle se met à saigner du nez… Après une expérience sexuelle catastrophique avec son voisin Connor (Robert Lonsdale), elle est persuadée d’être enceinte, bien qu’il n’y ait pas eu de pénétration et dans le troisième, elle décide de quitter son emploi de caissière pour devenir vendeuse de parfums, mais par un concours de circonstances rocambolesque, elle finit par vendre de la drogue à ses nouveaux collègues et à en prendre par inadvertance.
Si au départ, toutes ces mises en situation semblent tirées par les cheveux, il faut mentionner que la série est une adaptation du spectacle Chewing Gum Dreams écrit par l’actrice principale Michaela Coel. Elle-même ayant été élevé au sein d’une famille très religieuse, on est à la fois médusé par sa naïveté et son aplomb (bien sûr enjolivés pour la télévision). C’est aussi très rare qu’en comédie, le rôle principal soit tenu par une femme et force est d’admettre que Coel n’a nullement peur du ridicule; loin de là! Entre ses simagrées et tous les quiproquos dans lesquels elle s’embourbe, il est difficile de ne pas éclater de rire. Et rien ne nous est épargné : par exemple, dans le troisième épisode, Candice et sa mère profitent d’une descente de police pour s’emparer dans le lieu de perquisition d’une énorme quantité de godemichés usagés et de les revendre ensuite. Évidemment, l’opération tourne au fiasco, mais on est quitte pour les blagues salaces. Quand on connaît bien l’humour anglais, surtout lorsqu’il s’agit d’une chaîne comme E4, on se vide la tête l’espace d’un instant et on passe un bon moment.
After Hours et Chewing Gum, complètement à l’opposé l’une de l’autre n’ont pas fait grand bruit à leur sortie, ni au niveau des cotes d’écoute puisque pas une fois elles se sont retrouvées dans le top 30 des programmes hebdomadaires. Et comme il est d’usage chez les Anglais, une seule (et courte) saison semble être au menu dans les deux cas, mais reste qu’on a envie de les dévorer jusqu’à la fin.