Le Festival du Film Sundance est le plus grand événement de cinéma indépendant aux Etats-Unis mettant en vedette de nouveaux travaux de cinéastes américains et internationaux. Tous les soirs à 22h du 22 au 31 janvier 2016, la chaine Sundance Channel met à l'honneur le festival avec une sélection de 10 films très remarqués lors de l'édition 2015.
Voici le programme des 10 days of Sundance
Le Profil Amina (The Amina Profile)
Réalisatrice: Sophie Deraspe / Canada / 22 janvier 2016
" Merci de m'avoir acceptée en amie. Vous êtes absolument magnifique XOXO "
" Merci Amina. Vous êtes très sexy aussi "
Rien n'indiquait que ce classique flirt en ligne entre deux inconnues se transformerait en une mystérieuse enquête internationale des plus haletantes. Au fil des mois, Sandra à Montréal et Amina, jeune Américaine d'origine syrienne, entretiennent une liaison à la fois romantique et intellectuelle via internet. Encouragée par Sandra, Amina lance un blog intitulé " Une fille gay à Damas ", qui laisse entendre une autre voix sur des thèmes aussi divers que la politique, la religion ou la sexualité. S'attirant, par ce biais, l'attention du monde entier, Amina devient une blogueuse star. Lorsque le soulèvement arabe de 2011 gagne la Syrie, Sandra apprend qu'Amina a été enlevée. Dès lors, l'enquête concernant sa disparition prend une tournure internationale. De quoi largement épaissir le mystère...
Réalisatrice de documentaire, Sophie Desraspe suit, sur la trame d'une toile hypersexualisée, les pérégrinations de Sandra de Montréal à Istanbul, de Tel-Aviv à Chicago et déroule sous nos yeux un fascinant récit où l'amour se vit au rythme d'un thriller politique. Le profil Amina est un conte bien ancré dans notre époque, -il trouve sa source autant que la clé de son mystère sur internet- qui, par la même occasion, questionne l'éthique, la responsabilité et les conséquences humaines des réseaux sociaux et de la mondialisation par le biais du web. Le film a été nommé pour le Grand Prix du Jury dans la catégorie documentaire international lors de l'édition 2015 du Festival du Film Sundance.
Distribution: Sandra Bagaria.
Four Suns
Réalisateur: Bohdan Sláma / République Tchèque / 23 janvier 2016
Jára (Jirí Mádl) vit dans un tout petit appartement en compagnie de sa femme, de leur bambin et de son fils adolescent né d'une première union. Immature, Jára se fait renvoyer de son travail au sein d'une usine le jour où il est surpris en train de fumer de l'herbe. Une inconséquence qui met la patience de sa femme à rude épreuve. D'autant que Jára passe le plus clair de son temps à traîner avec un illuminé adepte du mysticisme new age dont il s'est fait l'ami. Dans le même temps, son épouse tente de tisser des liens avec son beau-fils, qui s'est mis à boire, à sécher les cours et traîne avec une bande de punks rebelles. Jára, peu concerné, décide de se lancer dans un périple au côté de son insolite accolyte, à la recherche de celui qu'il nomme son maître spirituel...
C'est de son étonnante aptitude à mettre en évidence, avec beaucoup de tendresse, l'incapacité des êtres humains ordinaires à se cerner eux-mêmes que découle la sensibilité du réalisateur Bohdan Sláma. A l'instar du célèbre Mike Leigh, Sláma donne, sans coup férir, naissance à des personnages insolites pour ne pas dire excentriques mais sans affectation aucune. Il partage d'ailleurs avec son personnage principal, aux prises avec son égoïsme, son infidélité et son désespoir, une sorte de lumière intérieure, qui, quoique faible, est la source de son optimisme. Dans ce joli cadre qu'il nous tend, Sláma nous livre, outre une réflexion sur le bonheur, une histoire dont l'évidence flirte avec la magie. Four Suns a également été nommé pour le Grand Prix du Jury dans la catégorie cinéma international lors de l'édition 2012 du Sundance Film Festival.
Distribution: Jirí Mádl, Klára Melísková, Jaroslav Plesl, Anna Geislerová, Karel Roden
Kumiko, the Treasure Hunter
Réalisateur: David Zellner / Etats-Unis / 24 janvier 2016
Kumiko, jeune Japonaise blasée, se met dans l'idée que le magot enterré et perdu qu'elle a vu dans un film, Fargo des frères Coen pour ne pas le nommer, est une réalité. Armée d'une carte au trésor plus que sommaire, la jeune femme, à peine préparée, échappe à son quotidien bien cadré de Tokyo et se lance dans un téméraire périple, à travers les plaines du Minnesota, en quête de cette fortune mythique. En chemin, elle croise toute une galerie de personnages, aussi insolites qu'inoffensifs, parmi lesquels un guide touristique ressucité et un officier de police maladroit mais attentionné...
Excentrique, charmant, inspiré, Kumiko, the Treasure Hunter est un road movie sur le thème de l'obsession morbide, dont l'impression nous hante. En offrant au spectacteur une plongée au coeur du psychisme très fragile de son personnage principal, ce film dresse le portrait minutieux, empreint de tendresse d'une femme en pleine implosion mentale. Rinko Kikuchi, dans le rôle titre, parle peu, mais son langage corporel, à base de pas traînants, le dos voûté, dit mieux que des mots ce qu'elle peine à exprimer. Kumiko, the Treasure Hunter a remporté le Prix Spécial du Jury dans la catégorie Fiction lors de l'édition 2014 du Sundance Film Festival.
Distribution: Rinko Kikuchi, Nobuyuki Katsube, Shirley Venard
The Strongest Man
Réalisateur: Kenny Riches / Etats-Unis / 25 janvier 2016
Pour Beef, Cubain taillé comme une montagne, il n'y a pas de doute : l'homme le plus fort du monde, c'est lui ! Beef ne veut pas d'enfant. En revanche, il compte bien raconter à ses petits-enfants ses exploits en tant qu'homme le plus fort du monde. Son meilleur ami est un freluquet d'origine coréenne, Conan. Conan l'oblige toujours à se poser des questions qu'il ne se pose jamais. Comme le fait qu'il réfléchit en espagnol, plutôt qu'en anglais. Quant à Illy, fille adoptive d'un riche collectionneur d'art, elle a le don d'angoisser Beef. Soudain, son bien le plus cher lui est dérobé : son vélo de cross BMX, tout en or ! Beef réalise alors qu'il a bien plus à perdre et à gagner qu'il ne le pensait... The Strongest Man a fait partie de la sélection officielle du Sundance Film Festival 2015.
Distribution: Robert "Meatball " Lorie, Paul Chamberlain, Ashly Burch, Patrick Fugit, Lisa Banes
Cloro
Directeur: Lamberto Sanfelice / Italie / 26 janvier 2016
Jenny 17 ans, réside à Ostie, ville côtière située près de Rome et ne vit que pour son rêve : devenir une professionnelle de la natation synchronisée. Ado insouciante, elle s'entraîne en duo avec son amie Flavia. Son monde s'écroule lorsque sa mère décède brusquement. Jenny, Alfio, son père qui sombre dans la dépression et Fabrizio, son petit frère de 8 ans, n'ont alors d'autre choix que de déménager dans un petit village de montagne, au coeur des Appenins. Jenny qui a dû quitter l'école pour travailler comme femme de ménage dans un hôtel voisin, décide de poursuivre son entraînement en nocture dans la piscine de l'établissement. Mais entre l'état de son père qui se détériore, et son petit frère dont elle a la charge, Jenny se laisse envahir par la rancoeur. Elle commet alors l'erreur de se lancer dans une liaison avec un homme plus âgé. Touchant, ce premier film de Lamberto Sanfelice sur un scénario élégamment bâti d'Elisa Amoruso, saisit avec humanité les errements d'une jeune adolescente jetée prématurément dans les responsabilités de l'âge adulte.
Cloro a été nommé pour le Grand Prix du Jury dans la catégorie fiction dramatique internationale lors du Sundance Film Festival, en 2015.
Distribution : Sara Serraiocco, Ivan Franek, Giorgio Colangeli, Anatol Sassi, Piera Degli Esposti, Andrea Vergoni
Christmas, Again
Réalisateur et scénariste: Charles Poekel / Etats-Unis / 27 janvier 2016
Chaque année en décembre, et ce depuis cinq longues années, Noël et son coeur brisé se retrouvent à New York pour assurer le service de nuit sur un stand de vente de sapins. Incapable de lutter contre la profonde dépression dans laquelle il sombre tous les jours un peu plus, il se retrouve par hazard un soir à secourir une mystérieuse jeune femme dans un parc. Sa chaleureuse présence, ainsi que celle de quelques clients hauts en couleurs, aideront Noël à sortir de la spirale de l'autodestruction.
Charles Poekel, dans ce premier film dont il signe le scénario et la réalisation, nous offre le Noël parfait pour tous les cyniques désabusés que l'hypocrisie des fêtes de fin d'année lasse profondément. Et c'est par petites touches, où la sincérité le dispute au réalisme, qu'il dépeint la traversée du désert de Noël, en quête d'espoir et de lien social en cette période de fête.
Christmas, Again a fait partie de la Sélection officielle lors de l'édition 2015 du Sundance Film Festival.
Distribution: Kentucker Audley, Hannah Gross, Jason Shelton, Oona Roche.
H.
Réalisateurs: Rania Attieh and Daniel Garcia / Etats-Unis et Argentine / 28 janvier 2016
H. est une relecture moderne, empreinte de mystère d'un grand classique de la tragédie, dans laquelle deux femmes, toutes deux prénommées Hélène, vivent des vies symétriques dans la ville de Troie, au sein de l'Etat de New York. La première Hélène, sexagénaire mariée, porte une véritable adoration à une poupée ressemblant à s'y méprendre à un nouveau-né, qu'elle traite comme un véritable enfant. L'autre, la trentaine, est une artiste à succès, enceinte de 4 mois. Une nuit, une étrange chose tombe du ciel et provoque une explosion au-dessus de la ville. Divers événements, aussi bizarres qu'inexpliqués, s'ensuivent. Entre multiples disparitions et nuages surnaturels flottant dans le ciel, les deux femmes voient leurs existences voler en éclats...
Captivant, H. aborde le thème du changement en analysant l'influence, sur nos vies, de ces forces qui nous dépassent. Hésitant entre tragédie classique et science-fiction, le film démontre que nos existences respectives sont inévitablement impactées par les événements qui les traversent, sur la grande scène que nous offre le théâtre du monde. H. a fait partie de la sélection officielle du Sundance Film Festival, édition 2015.
Distribution: Robin Bartlett, Rebecca Dayan, Will Janowitz, Julian Gamble
Big Sur
Réalisateur: Michael Polish / Etats-Unis / 29 janvier 2016
Big Sur est un instantané de la vie de Jack Kerouac. L'auteur, dépassé par le succès inattendu de son roman Sur la route, tente de se débarrasser de son alcoolisme : il opère alors une retraite dans la petite ville côtière de Big Sur en Californie dans un bungalow de plage appartenant à son éditeur Lawrence Ferlinghetti. Un isolement qui inspirera le roman du même nom que la ville, sorti en 1962. Le séjour de Kerouac se borne à l'origine à de grands moments de solitude et de communion avec la nature. Mais ce tête-à-tête avec lui-même finit par l'ennuyer: il se rapatrie alors sur San Francisco où il recommence à boire beaucoup et se retrouve pris au piège d'une relation sentimentale avec Billie, la maîtresse de son meilleur ami Neal Cassady...
Auteur et réalisateur, Michael Polish (Twin Falls Idaho) explore dans Big Sur, certes, l'un des passages les plus sombres dans la vie de Kérouac, aux prises avec l'aliénation et la dépression nerveuse. Mais il fait aussi ressurgir ce que la période avait de beauté pour l'auteur, à travers l'histoire d'une amitié et la pureté de la nature. Jean-Marc Barr incarne un Kérouac contemplatif, dont l'intelligence et la masculinité rayonnent, sans pour autant cacher sa vulnérabilité. Film vibrant, Big Sur est une expérience cinématographique presque religieuse, à couper le souffle. Le film a fait partie de la sélection officielle du Sundance Film Festival en 2013.
Distribution: Jean-Marc Barr, Kate Bosworth, Anthony Edwards, Josh Lucas, Radha Mitchell, Henry Thomas
The Greatest Movie Ever Sold
Réalisateur: Morgan Spurlock / Etats-Unis / 30 janvier 2016
Maître es provocation, le célèbre réalisateur Morgan Spurlock (Super Size Me) fait son grand retour au sein du Festival du film de Sundance avec une plongée aussi parfaite qu'ironique dans le monde du placement de produit, du marketing et de la publicité. Comble de la malice, le film a entièrement été financé par le biais du placement de produit, du marketing et de la publicité !
Notre époque formidable ne nous permet quasiment plus d'arpenter une rue sans que l'on tente de nous vendre quelque chose. Un phénomène poussé à son paroxysme en Amérique où toute expérience humaine se fait immanquablement par le biais d'une grande compagnie. A coups d'inventaire comique au vitriol et sans hésiter à s'autoexploiter lui-même, Spurlock dissèque l'univers de la publicité et du marketing en n'ayant pas peur d'utiliser sa propre réputation comme monnaie d'échange et de vendre son intégrité au plus offrant. Subversif, drôle, quoique cinglant, mais ausi terriblement perspicace, The Greatest Movie Ever Sold éclaire d'une lumière plus que crue notre avenir vendu aux marques au fur et à mesure que Spurlock tente de donner naissance au Iron Man du documentaire, le tout premier " docbuster ". Il se pourrait bien, d'ailleurs, qu'il y soit parvenu... Le film a fait partie de la sélection officielle du Sundance Film Festival, lors de l'édition 2011.
Distribution: JJ Abrams, Peter Berg, Jimmy Kimmel, Noam Chomsky
Glassland
Réalisateur: Gerard Barrett / Irlande / 31 janvier 2016
John (Jack Reynor) vit avec sa mère, Jean (Toni Collette), dans un appartement HLM et tire un maigre revenu de son activité de chauffeur de taxi de nuit. Un matin, en rentrant à la maison, il trouve sa mère ivre morte. Une fois de plus. Près à tout pour l'aider, John se heurte régulièrement à une violente fin de non-recevoir. Sa mère ne veut pas se faire soigner, pas plus qu'elle ne veut renouer, comme le suggère John, avec les autres membres de leur famille. Lorsqu'une opportunité pour la faire entrer en cure de désintoxication se présente, John, pour financer le coûteux traitement de sa mère, n'a d'autre choix que d'offrir ses services à un criminel de petite envergure. Alors qu'il flirte dangereusement avec l'illégalité, John se retrouve confronté à un choix déterminant, dont les conséquences pourraient bouleverser aussi bien son existence que celle de sa famille...
Dans la lignée de Pilgrim Hill, film de ses débuts, le réalisateur Gerard Barrett nous offre une étude d'une véracité dérangeante, quoique très peu construite, d'une relation mère-fils reposant sur la codépendance aux conséquences dramatiques. Cru, émouvante autant qu'authentique, le récit du film s'appuie sur les remarquables performances d'acteurs d'un casting restreint, à commencer par celle de Toni Collette. Glassland a été nommé pour le Grand Prix du Jury lors de l'édition 2015 du Festival du Film Sundance.
Distribution: Toni Collette, Jack Reynor